Israël essaie de justifier sa décision qui, en outre, permet d’utiliser la force contre les grévistes de la faim, en prétendant que c’est une mesure pour soulager les prisonniers refusant de s’alimenter. Et ce, même si la Commission des droits de l'homme de l’ONU qualifie ce traitement de torture. Pour sa part, la Convention de Genève, dont Israël est d’ailleurs signataire, interdit de soumettre les détenus aux procédures médicales qui ne sont pas conformes aux normes médicales acceptées internationalement.
Pourquoi ? Parce que l’alimentation de force est une procédure invasive et extrêmement douloureuse. La vidéo suivante explique son fonctionnement.
Tout d’abord, la personne est attachée à une chaise par des ceintures. Ensuite, le tube est inséré dans le trachée – ce que les détenus ont comparé au passage d’une lame de rasoir. Après ça, les substances nutritives sont déversées directement dans l’estomac. Le rappeur américain et acteur Mos Def a expérimenté la procédure pour témoigner du degré de traumatisme que cela représente. Les images suivantes peuvent être assez perturbantes.
Cette vidéo a été faite durant une grève de la faim à grande échelle dans la tristement célèbre prison de Guantanamo à Cuba en 2013. L’ex-prisonnier Moazzam Begg, s’est dit extrêmement choqué par la décision d’Israël. «C’est un précédent dangereux», note l’ex-détenu, en rappelant que les Etats-Unis procédaient à de telles méthodes dans la prison de Guantanamo. Les organisations internationales qualifient ce traitement imposé d’une forme de torture, et beaucoup de prisonniers ont gardé des séquelles de l’utilisation de cette méthode.
Une vague de critiques de la part des organisations de défense des droits de l’homme
Les organisations de défense des droits de l’homme ont fustigé les députés israéliens, en jugeant ce texte de honteux. Sarah Saadoun, militante de Human Rights Watch, a lancé l’avertissement suivant : «Si Israël compte vraiment nourrir de force les prisonniers qui protestent contre leurs conditions de vie y compris la détention indéfinie, les contestations ne seront que plus bruyantes».
Dès 1967, des palestiniens emprisonnés en Israël ont organisé des dizaines de grèves de la faim, personne n’en a jamais été mort. Dans le même temps, quand les autorités israéliennes ont essayé d’appliquer l’alimentation de force aux prisonniers dans une période comprise entre 1970 et 1992, cinq personnes ont péri, rappelle Hillel Alosh, militant du bureau israélien d’Amnesty international. «Nous avons une loi contre le gavage des animaux, mais maintenant, grâce au gouvernement, on va appliquer cette procédure aux humain», souligne l’expert. Pour lui, par l’adoption de cette loi, Israël essaie de lutter contre les symptômes au lieu s’occuper des causes.
Le soutien des Etats-Unis permet à Israël de surpasser la loi internationale ?
«Ce n’est pas légal», estime Dan Kovalik, avocat américain dans le domaine des droits de l’homme. Mais malgré les controverses sur ce sujet à l’ONU, rien ne peut pas être fait, souligne l’expert. La raison d’une telle situation, d’après lui, se cache chez les Etats-Unis qui «occupent une siège au Conseil de Sécurité de l’ONU et posent leur véto sur chaque tentative de condamnation d’Israël».
Mais qu’est-ce que les Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes peuvent faire face à cette situation ? Dan Kovalik estime que «leur meilleur espoir se trouve dans les mains de bons Israéliens qui s’opposent à cette mesure». Et l’opposition s’organise avec entre autres l’Association médicale d’Israël, qui a déjà vigoureusement critiqué l’introduction de ces mesures.