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Infirmière tuée d'une balle dans la poitrine à Gaza: les Palestiniens dénoncent un «crime de guerre»

Razan al-Najjar, infirmière palestinienne de 21 ans, a été tuée par un soldat israélien alors qu'elle portait l'uniforme des personnels de santé. Tandis qu'Israël promet une enquête, des milliers de Palestiniens ont assisté à ses funérailles.

Des milliers de personnes ont assisté le 2 juin aux funérailles d'une infirmière volontaire palestinienne tuée par balle la veille par des soldats israéliens près de la frontière entre la bande de Gaza et Israël.

Razan al-Najjar, 21 ans, a été touchée le 1er juin à la poitrine à l'est de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. D'après le porte-parole du ministère gazaoui de la Santé, Achraf al-Qodra, elle travaillait comme bénévole et portait l'uniforme blanc des personnels de santé.

«Les personnels médicaux ne sont pas une cible», s'est indigné l'envoyé spécial de l'ONU pour le Moyen-Orient Nickolay Mladenov sur Twitter appelant Israël à «calibrer son usage de la force» et le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, à «éviter les incidents» près de la barrière qui sépare ce territoire de l'Etat hébreu.

De nombreux médecins, infirmiers et ambulanciers de Gaza ont participé aux funérailles de la jeune fille, son père tenant l'uniforme qu'elle portait taché de sang.

«Avec notre sang et avec notre âme nous nous sacrifierons pour toi Razan», a-t-on notamment entendu dans l'assemblée, qui a également appelé à poursuivre le mouvement de protestation à la frontière avec Israël.

La Société palestinienne de secours médical a affirmé que la jeune fille avait été tuée «alors qu'elle tentait d'apporter des soins de premier secours aux manifestants».

Dans un communiqué, l'organisation a souligné que le fait de tirer sur du personnel médical constituait un «crime de guerre» selon les Conventions de Genève. La Société a en outre appelé la communauté internationale à répondre aux «violations» israéliennes.

De son côté, dans un communiqué cité par le Jerusalem Post, l'armée israélienne a promis de se pencher sur l'affaire : «Les cas où un civil est soupçonné d'avoir été tué par des tirs de l'Armée de défense d'Israël font l'objet d'une enquête minutieuse.»

Un autre Palestinien a été tué le 2 juin à Hébron en Cisjordanie occupée, après avoir essayé de renverser des militaires. Aucun soldat israélien n'a été blessé.

Le décès de la jeune infirmière porte à 123 le nombre de Palestiniens tués par des soldats israéliens depuis le début d'un mouvement de protestation entamé deux mois plus tôt.

Des dizaines de milliers de Palestiniens de Gaza, territoire coincé entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée, manifestent régulièrement depuis le 30 mars près de la frontière avec Israël pour revendiquer le droit au retour des réfugiés palestiniens chassés ou ayant fui leur terre à la création de l'Etat hébreu.

Les funérailles ont été suivies par des accrochages à la barrière lorsque des jeunes Palestiniens ont lancé des pierres contre les soldats israéliens. Plusieurs Palestiniens ont été blessés par des tirs de Tsahal, selon le ministère de la Santé gazaoui.

L'armée israélienne a affirmé de son côté qu'une «cellule terroriste» s'était infiltrée depuis le sud de la bande de Gaza. Les soldats ont tiré sur les Palestiniens les contraignant à rebrousser chemin.

L'ONU et l'Union européenne ont réclamé des enquêtes indépendantes sur les incidents à Gaza mais le gouvernement israélien s'y oppose.

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