Arkadi Babtchenko, le journaliste russe qui a simulé sa propre mort afin d'échapper à un présumé complot monté depuis Moscou, a détaillé au cours d'une interview les détails de cette mise en scène.
Pour mettre en place son macabre stratagème, Arkadi Babchenko a eu recours à un maquilleur chargé de lui dessiner des blessures plus vraies que nature à l'aide de sang de cochon. Une ambulance a également été mobilisée pour le conduire à la morgue où il a par la suite changé ses vêtement «entachés de sang» et regardé les informations annonçant sa mort.
Par ailleurs, il a confie avoir vêtu une chemise criblée de balles et s’être entraîné pour tomber comme une personne réellement abattue. «Mon but était de rester en vie et d'assurer la sécurité de ma famille. C'est la première chose à laquelle je pensais. Les standards journalistiques, c'est la dernière chose à laquelle je pensais à ce moment», s'est-il justifié.
Et de poursuivre : «Tous ceux qui disent que cela [la mise en scène] mine la confiance envers les journalistes : qu'auriez-vous fait à ma place, s'ils [des membres des forces spéciales ukrainiennes] venaient vous avertir qu'une menace planait sur vous ?»
Enfin, lorsqu'il a eu écho de ces allégations, Arkadi Babtchenko a affirmé qu'il avait envisagé de «disparaître au pôle Nord» pour ne pas subir le même sort que l'agent double Sergueï Skripal. «Ma première réaction a été : "Allez au diable ! Je veux faire ma valise et disparaître au pôle Nord." Mais ensuite j'ai réalisé que [Sergueï] Skripal avait aussi essayé de se cacher.»
Après avoir annoncé la mort du journaliste Arkadi Babtchenko le 29 mai, le lendemain, les autorités ukrainiennes avaient présenté à la presse le même reporter bel et bien vivant. Les services de renseignement ukrainiens avaient alors tout de suite présenté une explication, assez étonnante. «Grâce à cette opération, nous avons réussi à déjouer une provocation cynique et à documenter les préparatifs de ce crime par les services spéciaux russes», avait ainsi affirmé le chef des services de sécurité ukrainiens (SBU), Vassili Gritsak. Aux côtés du journaliste, il avait précisé que cette «provocation» consistait à assassiner Arkadi Babtchenko.