Le président sénégalais se serait sans doute passé de cette polémique. Alors qu’il dissertait sur l’histoire des relations entre son pays et la France lors d’une présentation de son livre Conviction républicaine le 25 mai, Macky Sall a déclaré : «Nous avons une relation particulière avec la France. C'est vrai, ils nous ont colonisés, il y a eu une décolonisation pacifique. Mais ils ont toujours respecté les Sénégalais. Parce que le régiment des tirailleurs sénégalais, quand ils étaient dans les casernes, ils avaient droit à des desserts pendant que d'autres Africains n'en avaient pas.»
Cette comparaison a provoqué l'indignation d'internautes, ainsi que de titres de presse sénégalais. Ainsi, le journal sénégalais Le Quotidien, cité par Paris Match, a dénoncé le «révisionnisme» du président africain, jugeant qu'il faudrait «demander des comptes à Macky Sall, qui a trouvé des bénéfices à la colonisation». Similairement, le site d'informations Seneplus a estimé que le président avait «insulté la mémoire» des tirailleurs sénégalais.
Sur Twitter, de nombreux internautes ont manifesté leur indignation en rappelant, notamment, le massacre perpétré par les troupes coloniales françaises le 1er décembre 1944 contre des tirailleurs sénégalais, qui manifestaient alors pour le reversement de leurs indemnités dans la ville de Thiaroye, située à la périphérie de la capitale Dakar.
Alors que plusieurs membres de l’opposition sénégalaise ont également dénoncé ces propos, dans l'entourage présidentiel, on tente tant bien que mal d’éteindre la polémique. «C’était de la boutade. C’était juste une manière de dire que la résistance ou les résistances multiformes au Sénégal ont imposé quand même des respects pour les Sénégalais. C’était uniquement ça. Mais il n’y a aucune intention de faire l’éloge de quelque épisode colonial que ce soit», a expliqué El Hadj Hamidou Kassé, responsable de la Communication de la présidence, sur la chaîne de télévision TV5 Monde.
Cette déclaration controversée du président sénégalais intervient moins d’un an avant l’élection présidentielle. En février 2019, plus de six millions de Sénégalais seront appelés aux urnes pour élire leur président. A la tête du pays depuis 2012, Macky Sall a de fortes chances d'être réélu.
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