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Le gouvernement allemand accuse des journalistes de trahison pour un article sur l'espionnage

L'Allemagne a ouvert une enquête pour trahison à l'encontre de journalistes d'un site d'informations. Berlin les accuse d'avoir dévoilé des documents sur la volonté du gouvernement d'augmenter la surveillance des communications en ligne.

C'est la première fois depuis 50 ans que des journalistes allemands doivent faire face à de telles accusations. 

«Ceci est une attaque portée à la liberté de la presse. Nous n'allons pas nous laisser intimider par cela», a déclaré via un communiqué Andre Meister, journaliste pour le site Netzpolitik.org, visé par cette enquête pour «trahison» au côté de son rédacteur en chef, Markus Beckedahl.

Le site, spécialisé dans l'internet et les questions des droits numériques, avait publié deux articles - en février et en avril 2015 - concernant le projet de l'agence allemande de renseignement intérieur d'intensifier sa surveillance du web, et la mise en place d'une unité spéciale chargée d'espionner les réseaux sociaux. Des révélations rendues possibles grâce à l'obtention par les journalistes de Netzpolitik.org de plusieurs documents classés confidentiels. Des «fuites» inadmissibles pour l'agence de renseignement qui a donc déposé une plainte pénale... pour trahison.

«C'est une tentative inacceptable de museler deux journalistes critiques», a dénoncé l'association de la presse allemande qui défend la profession. Il y a déjà eu un précédent dans le pays. C'était en 1962, en pleine guerre froide. Dans un article, le journal Der Spiegel avait en effet révélé l'impréparation des forces de l'ouest face à la menace communiste. Ce qui n'avait pas du tout été du goût du ministre de la Défense de l'époque qui avait porté des accusations similaires contre le titre de presse. Mais face au scandale, ce dernier avait été contraint à la démission.

Markus Beckedahl, le rédacteur en chef mis en cause aujourd'hui, a ainsi déclaré à une chaîne de télévision allemande se sentir déchiré entre le fait de prendre cette affaire «comme une récompense» et la pensée que cela «pourrait également le conduire en prison».