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«Quand la confiance se perd, elle peut mener au pire» : Macron au Forum de Saint-Pétersbourg

Accompagné de son épouse, Emmanuel Macron a été accueilli par le président russe le 24 mai dans le cadre de la 22e édition du Forum de Saint-Pétersbourg (SPIEF). La France et le Japon sont les invités d’honneur de cet événement économique majeur.

Vendredi 25 mai

Alors qu'on lui demandait s'il jugeait possible qu'un missile russe ait abattu le vol MH17 qui s'est écrasé en Ukrain en 2014, le président russe Vladimir Poutine a répondu : «Bien sûr que non.» 

Dans un communiqué du gouvernement néerlandais paru le même jour, les Pays-Bas et l'Australie avaient annoncé qu'ils tenaient la Russie pour responsable de cette catastrophe aérienne. Des allégations aussitôt réfutées par Moscou.

«Nous connaissons tous votre goût, monsieur le président, cher Vladimir pour le judo et je sais que vous appréciez les valeurs de la voie de la souplesse», a déclaré Emmanuel Macron, faisant sourire le président russe. «Elles reposent sur la maîtrise de ses propres forces, la tactique plutôt que la force brute, les qualités de la volonté et le respect de l'adversaire», a-t-il noté avant de conclure, prônant un «jeu coopératif et collectif» : «Il y a beaucoup d'inspiration [en cela] pour les liens entre les peuples.»

«C'est dans cet esprit que je veux que nous avancions dans les prochaines années pour essayer de rebâtir cette confiance indispensable autour de ce triptyque : souveraineté, coopération et multilatéralisme fort», a résumé Emmanuel Macron. «La France et l'Union européenne y sont prêtes, elles ont cette volonté», a affirmé le chef d'Etat.

«Maintien de la paix» et «baisse de la conflictualité» : pour Emmanuel Macron tels sont les objectifs du multilatéralisme. «Nous avons les instruments», a-t-il rappelé.

Deuxième thème évoqué par Emmanuel Macron après la souveraineté : la coopération. «Il faut rebâtir, reconstruire ce multilatéralisme fort», a déclaré le président de la République devant Vladimir Poutine et la directrice du FMI, Christine Lagarde. «Un multilatéralisme fort, c'est un multilatéralisme qui nous permettent d'obtenir des résultats», a-t-il martelé, prônant une coopération renforcée, notamment dans le cadre du G20.

Emmanuel Macron a défendu la notion de souveraineté européenne. «Cette souveraineté européenne, c'est celle que nous avons renforcée ces derniers mois en actant d'une Europe de la Défense», a-t-il argumenté.

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«Oui, nous vivons, et cela depuis des années une crise de la mondialisation contemporaine qui fait douter nos peuples», a noté Emmanuel Macron. Et d'y voir une explication du Brexit et des «régimes illibéraux», selon lui.

«Durant ces 25 dernières années il y a eu des incompréhensions et des erreurs sans doute, des erreurs qui ont mené aux tensions», a souligné Emmanuel Macron, s'exprimant après son homologue russe Vladimir Poutine.

«Les relations entre la France et la Russie permettent de construire aujourd’hui la confiance, malgré le contexte très difficile qui est le nôtre», a affirmé le président français.

Prenant la parole à son tour, Emmanuel Macron a salué le rapprochement entre la Russie et la France. «Quand la confiance se perd, elle peut mener au pire», a-t-il déclaré. 

Lors de la séance plénière du SPIEF, le président russe a déclaré que certains pays utilisaient les sanctions dans le cadre de leur politique commerciale, puis se plaignaient ensuite du retour du protectionnisme. Vladimir Poutine a en outre déploré que les règles du commerce mondial avaient été affaiblies.

Vladimir Poutine précise enfin que le pétrolier français Total pourrait être la sixième entreprise à participer au projet Nord Stream II.

«Nous sommes en train de travailler activement avec les entreprises, pour que le régime des sanctions, en particulier non-européen, n'affecte pas le bon développement économique», souligne le président français Emmanuel Macron.

Vladimir Poutine évoque le sujet de l'acheminement du gaz russe en Europe. Alors que les Etats-Unis souhaitent mettre des batons dans les roues du projet de gazoduc Nord Stream II, le président russe explique que la livraison de gaz liquéfié américain en Europe serait par exemple 30% plus cher. Vladimir Poutine a également fait référence au projet Artic LNG 2 en Sibérie dans lequel le pétrolier français Total a annoncé ce 24 mai qu’il allait prendre 10% de participation. Côté géopolitique, le président russe a précisé qu'il ne souhaitait pas «fermer le transit par l'Ukraine» du gaz russe.

Le président russe Vladimir Poutine annonce que la France et la Russie vont développer leur coopération «pour donner les meilleurs résultats».

«L'économie russe est très ouverte à nos partenaires, et aussi très fiable. Malgré les turbulences, nous sommes arrivés à une stabilité macro-économique», poursuit Vladimir Poutine. Il précise que l'avion moyen-courrier russe, le Superjet100, «est équipé à 25% de matériels français».

Vladimir Poutine souligne qu'il n'est pas normal que les échanges commerciaux avec la France soient si faibles. Il prend l'exemple d'une entreprise finlandaise qui totalise environ six milliards d'euros d'échanges commerciaux avec la Russie à elle seule, alors que le total des échanges avec la France s'élève à 15 milliards d'euros.

Contrairement à ce qu'a affirmé le président français Emmanuel Macron, Vladimir Poutine précise que le premier partenaire économique de la Russie n'est pas l'Allemagne mais la Chine.

Le président russe Vladimir Poutine fait savoir que la France est «un partenaire ancien, traditionnel, très fiable». Il loue la tradition française de non-alignement sur les autres pays en matière géopolitique.

«Il faut consolider une souveraineté commerciale et financière de l'Europe», explique Emmanuel Macron. «Il faut désensibiliser nos écosystèmes des sujets géopolitiques», a-t-il ajouté.

Emmanuel Macron a relevé que la France avait été le premier partenaire financier de la Russie pendant la récession de 2009. Il se désole que l'Allemagne ait désormais pris cette place.

En ce deuxième jour de la 22e édition annuelle du Forum économique de Saint-Pétersbourg, le président français Emmanuel Macron a expliqué que «même quand ça avait été dur», les partenaires financiers français étaient «restés investis en Russie et ont contribué à la vie économique».

Nicolas Brusson, cofondateur de BlablaCar : "Le marché russe pour BlablaCar est devenu le marchés le plus important. Nous avons démarré en Russie il y a 4 ans. Aujourd'hui c'est 15 millions de russes inscrits sur notre plateforme."

Jeudi 24 mai

Le président russe Vladimir Poutine a dit «regretter» l'annulation de la rencontre très attendue entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, en soulignant «espérer» qu'un tel sommet aura finalement lieu.

«La Russie regrette [...], nous comptions tous que ce soit le début de la dénucléarisation de la péninsule coréenne», a déclaré Vladimir Poutine.

Emmanuel Macron a souhaité, pour sa part, que «le processus de non-prolifération se poursuive.

Sur l’accord nucléaire iranien, «je me retrouve parfaitement dans les derniers propos de Vladimir Poutine», a fait savoir Emmanuel Macron. «Je n’ai jamais mis en risque l’accord de 2015, je pense qu’il faut le garder, je ne propose pas de le renégocier pour l’élargir mais de le compléter», a poursuivi Emmanuel Macron. «Dès septembre 2017, j’ai proposé qu’on ouvre ce chemin, en complétant [l'accord] sur le programme balistique [notamment]», a poursuivi le chef de l'Etat français.

Sur l'abandon par les Etats-Unis de l'accord nucléaire iranien Vladimir Poutine assure : «La position de la Russie est bien connue, nous pensons que l’accord doit être préservé.» Ajoutant que l’Iran avait respecté l’accord, Vladimir Poutine s'interroge : «Quel est le fondement pour saper cet accord ?»

«Les conséquences peuvent être déplorables», avertit-il.

Emmanuel Macron évoque la relation économique avec la Russie : «Nos entreprises veulent continuer à jouer ce rôle de premier employeur étranger dans le pays.»

Il rappelle que cette rencontre a permis d'acter une cinquantaine d'accords, notamment spatial, technologique, culturel ou encore en matière d'éducation. 

«Je souhaite que la France et la Russie de demain soient à la hauteur de l’histoire», conclut-il.

Emmanuel Macron a précisé sa pensée sur la Syrie assurant que la politique française «n'est pas le changement de régime». «Notre priorité c’est l’éradication du terrorisme et du terrorisme islamiste», a ajouté le chef de l'Etat français, attestant que la France souhaite participer à la construction «d'une solution politique inclusive» en intégrant dans le futur processus démocratique, tous les Syriens, «y compris ceux qui ont fui».

Le président français propose de mettre en place une coordination entre le groupe d'Astana et le «small group» (France, Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Arabie saoudite, Jordanie).

«Je souhaite que la Russie comprenne que la France est son partenaire européen crédible et fiable», a précisé Emmanuel Macron.

Sur le sujet iranien, Emmanuel Macron déclare : «Je souhaite que nous puissions engager avec l'Iran un dialogue [...] franc, sincère mais indispensable» sur le sujet nucléaire notamment.

Prônant le multilatéralisme, Emmanuel Macron affirme souligne l'«indépendance de la politique étrangère française», en assurant «parler à tous».

Au sujet de la Syrie, Emmanuel Macron ajoute : «Nous devons respecter partout la souveraineté de tous les peuples [...] la France prend des positions, construit des alliances [...] Elle ne veut pas se substituer à la souveraineté d’un peuple.»

Citant Dostoïevski, Emmanuel Macron affirme sa volonté de construire avec la Russie «un vrai terrain de conciliation de toutes les contradictions européennes».

Emmanuel Macron a évoqué un échange «extrêmement direct et franc», «plus long [que prévu] parce que très fructueux» avec Vladimir Poutine.

«La rencontre a permis d’échanger en profondeur», a poursuivi le président français.

«La Russie poursuivra son travail avec le gouvernement syrien», poursuit Vladimir Poutine en assurant que la Russie et la France ont également évoqué la sortie des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien.

Vladimir Poutine prend la parole. «Nous avons eu des négociations bilatérales avec la France et nous avons évoqué les sujets internationaux», affirme le chef de l'Etat russe. «La France est un partenaire», déclare Vladimir Poutine avant de détailler l'état des relations économiques entre les deux pays précisant que «500 sociétés françaises travaillent en Russie».

Journaliste, écrivain, spécialiste de la Russie, Pierre Lorrain a analysé les enjeux du Forum de Saint-Pétersbourg à l'antenne de RT France, alors que le discours d'Emmanuel Macron et de Vladimir Poutine doit débuter d'un moment à l'autre.

Invité de RT France, Bruno Drweski, maître de conférences à l'Inalco, estime que le sommet franco-russe pourrait être positif pour les deux parties. Il considère d'ailleurs que la rencontre avec Vladimir Poutine peut permettre à Emmanuel Macron «de renforcer son poids sur la scène internationale».

«Merci à ta délégation de nous accueillir» : Emmanuel Macron a ouvert sa déclaration en tutoyant le maître du Kremlin, expliquant que les deux chefs d'Etat n'avaient cessé de se parler depuis leur rencontre en mai dernier à Versailles.

«Sur le plan bilatéral, les relations économiques se développent», s'est félicité le président français, notant que beaucoup de contrats seraient signés à l'occasion de sa visite.

Rappelant «l'indépendance» sur les questions de politique internationale des deux pays, Emmanuel Macron a en outre plaidé pour des «initiatives communes» sur les principaux dossiers, citant l'Ukraine, la crise iranienne ou encore la Syrie.

«Malgré toutes les difficultés d'aujourd'hui, nos relations se développent», a déclaré le président russe en accueillant le président français Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat a noté une croissance des échanges bilatéraux de 16% l'année dernière, qui se poursuit cette année.

«Nous parlerons des sujets clés de la politique internationale, dont les solutions correspondent aux intérêts de la France comme de la Russie», a en outre affirmé Vladimir Poutine, concluant en souhaitant la bienvenue à son homologue.

Emmanuel Macron a atterri à Saint-Pétersbourg pour sa première visite présidentielle en Russie, à l'occasion de la 22e édition annuelle du Forum économique de Saint-Pétersbourg.

Le couple présidentiel français a été accueilli par Vladimir Poutine, qui a offert un bouquet de fleurs à Brigitte Macron.

Vladimir Poutine s'est entretenu avec la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde.

«Un véritable blocus international contre la Russie, un Etat qui s'inscrit dans un système de relations politico-diplomatiques, est impossible. Et de fait, une telle chose n'a jamais existé», a confié aux journalistes le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg.

Dmitri Peskov a assuré que les Etats souhaitaient coopérer avec la Russie en matière économique, comme l'atteste la présence de président français au forum. Selon lui, les intérêts économiques prévaudront tôt ou tard sur la politique.


Chroniqueur pour l'émission le Lab Eco sur RT France, Jean-Marc Sylvestre a glissé son opinion sur les perspectives économiques entre la Russie et l'Europe : «Il y a des intérêts stratégiques communs, la Russie a besoin des technologies européennes, l'Europe a besoin du marché russe.»

Interrogé par RT France, le président d'Alstom Russie Philippe Pégorier s'est félicité de la venue d'Emmanuel Macron à l'occasion du forum, qu'il considère comme «un moment important dans un événement important».

«Nous produisons et dans des volumes très importants, donc la Russie est pour nous un sujet extrêmement sensible», a-t-il expliqué, soulignant l'importance du «business» dans les relations bilatérales entre Paris et Moscou.

Le dirigeant a en outre rappelé que les investissements étrangers en Russie, provenaient dans leur grande majorité d'Europe (70%), et notamment de France. Selon lui, le pays bénéficie d'une bonne situation économique et d'un environnement politique intérieur stable, le seul danger résidant dans l'incertitude causée par la situation politique internationale.

15 000 participants sont attendus au cours des trois jours de ce forum. 

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre japonais Shinzo Abe en sont les invités d'honneur.

Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), s'est rendue au pavillon de la France géré par l'agence Business France, au Forum économique de Saint-Pétersbourg.

Pékin va recevoir 10 avions de combat russe Sukhoï Su-35 cette année selon l'entreprise d'Etat Rostec, qui se charge de la livraison, selon Interfax.

Cette livraison fait partie d'une commande de 24 avions signée entre Rostec et le gouvernement chinois en 2015, pour 2,5 milliards de dollars. Quatre Su-35 ont déjà été livrés à la Chine en 2016, et 10 autres en 2017.

La Chine est actuellement l'un des principaux acheteurs d'armement militaire russe.

Alexeï Koudrine, ancien ministre des Finances russe aujourd'hui président de la Cour des comptes de Russie, a déclaré qu'il pensait que les sanctions occidentales imposées à Moscou réduiraient la croissance du produit intérieur brut de 0,5%, contre une prévision précédente de 0,2 à 0,3%.

Plusieurs milliers de participants des quatre coins du globe sont attendus au Forum de Saint-Pétersbourg, la plus grande conférence économique de l'année en Russie, du 24 au 26 mai. La raison d'être de ce rendez-vous international : développer les relations économiques entre Moscou et le reste du monde.

Chefs d’Etat, ministres des Finances ou encore chercheurs sont conviés à ce sommet, dont la France et le Japon sont, cette année, les invités d'honneur. Le président de la République Emmanuel Macron et le chef du gouvernement japonais Shinzo Abe doivent en effet inaugurer le Forum en présence de Vladimir Poutine.

Plus de 90 événements, parmi lesquels des séances de travail, des tables rondes, des dialogues d'affaires ou encore des débats télévisés, sont prévus au programme. Quatre grands piliers thématiques doivent structurer ces événements : l'économie mondiale à l'ère du changement, l'exploitation du potentiel de croissance de la Russie, le capital humain dans l'économie numérique et la technologie.