Plus de 20 millions de citoyens sont appelés aux urnes ce 20 mai pour élire le futur président de la République bolivarienne du Venezuela. Cinq jours avant le scrutin, l'entreprise américaine Kellogg's fermait les portes de son usine de Maracay (ville proche de Caracas) au nom de la «détérioration économique et sociale [du pays]». Si le groupe agro-alimentaire américain a précisé qu'il reviendrait «une fois que les conditions du pays le permettr[aient]», Nicolas Maduro a quant à lui dénoncé un départ visant à «effrayer le peuple». Annonçant de futures actions en justice contre la firme américaine, le chef d'Etat vénézuélien a affirmé le jour même vouloir «confier l'usine aux travailleurs, pour le peuple».
Venant illustrer l'annonce de Nicolas Maduro, des images tournées sur le site de production ont rapidement été publiées sur les réseaux sociaux. Dans une première vidéo publiée par Rodolfo Marco Torres, actuel ministre vénézuélien de l'Alimentation, les ouvriers du site se réjouissent du premier paquet de céréales produit depuis le départ du groupe américain. Les salariés remercient le gouvernement vénézuélien pour avoir permis la poursuite de l'activité de l'usine après «l'abandon par l'entreprise américaine de 570 ouvriers».
Dans une autre vidéo, les ouvriers de l'usine brandissent fièrement la boîte de céréale en déclarant que la production sera dorénavant directement destinée «au peuple et aux travailleurs».
Toujours depuis le site de production de Maracay, Rodolfo Marco Torres a affiché son soutien aux ouvriers de l'usine. Accompagné par quelques dizaines d'hommes et de femmes sur place, le ministre entonne ainsi un slogan mettant en avant l'unité de la classe ouvrière. Pour le gouvernement, dont la légitimité est remise en cause par plusieurs pays et par l'opposition, qui boycotte le scrutin présidentiel, cette opération de communication tombe à point nommé.
Le départ de Kellogg's du pays survient dans un contexte diplomatique tendu entre la République bolivarienne du Venezuela et l'Occident. En effet, dans les semaines qui ont précédé la présidentielle, les Etats-Unis ont multiplié les sanctions à l'encontre du pays, affichant l'objectif de «soutenir les efforts du peuple vénézuélien à restaurer leur démocratie». Dans cet esprit, l'ex-secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson déclarait début 2018 : «Dans l'histoire du Venezuela et des pays d'Amérique du sud, l'armée s'est parfois comportée en agent du changement lorsque les choses allaient mal et que les dirigeants n'étaient plus en mesure de servir leur peuple.»