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Allemagne : les nouveaux pouvoirs accordés à la police en Bavière suscitent la controverse

Sous l'impulsion de la CSU, le Parlement de Bavière a adopté une nouvelle loi de sécurité étendant grandement les pouvoirs de la police. L'opposition s'inquiète des menaces qu'elle pose pour les libertés fondamentales.

La police en Bavière va disposer de pouvoir très étendus après l'adoption par le Parlement d'une loi controversée le 15 mai, qui lui accorde de nouveaux droits.

Proposée par le parti conservateur CSU, cette loi permettra notamment aux forces de l'ordre de mener des actions préventives face à la menace d’un «danger imminent», alors que jusqu'à présent elle ne pouvait intervenir avant que ne se présente un «danger concret».

Qui plus est, la police pourra désormais mettre des suspects sur écoute ou fouiller leurs disques durs, sans avoir besoin d'un cadre juridique spécifique. «C'est une loi de protection, pas une loi de surveillance», a soutenu le ministre de l'Intérieur de Bavière Joachim Herrmann lors des débats parlementaires, en réponse aux critiques suscitées par le texte.

«Obsession de la surveillance»

Car l'opposition, SPD et Verts en tête, dénonce une loi répressive et dangereuse, dont la terminologie vague pourrait permettre à la police d'intervenir avant même qu'une infraction n'ait lieu. Elle s'inquiète en outre du risque que font porter ces mesures sur de possibles atteintes à la vie privée des citoyens.

Au cours du débat houleux au Parlement, Katharina Schulze, chef du groupe parlementaire des Verts, a accusé la CSU d'avoir une «obsession de la surveillance». Elle a également déclaré que le texte n'avait pas été voté dans un but sécuritaire mais purement politique. Il ne viserait selon elle qu'à dissuader les électeurs de se tourner vers le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) lors des élections régionales en octobre prochain.

La contestation s'est fait par ailleurs fait sentir dans la rue, 30 000 personnes ayant manifesté le 10 mai dernier à Munich pour marquer leur opposition à la loi. Encouragés par cette mobilisation, les Verts et le SPD devraient saisir la Cour constitutionnelle pour qu'elle se prononce sur le texte.

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