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Manifestation réprimée et journalistes emprisonnés en Angola

Un journaliste angolais a été arrêté à Luanda, la capitale du pays. Gonçalves Vieira soutenait une manifestation de contestataires au régime, qui a été réprimée avec violence.

«Stop aux emprisonnements arbitraires et aux persécutions politiques en Angola», tel était le mot d'ordre d'une manifestation de contestation au régime qui devait se tenir, mercredi 29 juillet, dans les rues de la capitale angolaise, Luanda. Un mouvement de protestation organisé pour la libération de 15 opposants au régime, accusés d'avoir voulu renverser le Président Jose Eduardo dos Santos. La contestation a été étouffée dans l’œuf par les autorités angolaises. Celles-ci ont d'abord procédé à l'arrestation d'un journaliste de la radio Despertar, qui appelait à la manifestation, ainsi que de quatre autres personnes proches du mouvement, d'après un membre des protestataires. «Cinq autres personnes ont été arrêtées pendant la manifestation», précise aussi cette source.

Les forces de police étaient déployées place de l'Indépendance plusieurs heures avant le début de la manifestation, dans le cadre d'un important dispositif de sécurité. La police a mené la charge face aux protestataires, armée de chiens policiers. Au même moment, d'autres unités de police ont fait le siège autour des locaux de la radio Despertar. Le but : effrayer les journalistes pour les dissuader de couvrir la manifestation.

En plus de ces deux opérations menées par les forces de police, le parti au pouvoir, le MPLA, avait mobilisé les membres de son mouvement de jeunesse et mis en place une contre-manifestation. Celle-ci, soutenue par l’État, disposait d'un important dispositif sonore et d'une fanfare. Bruyant et pas inquiété par la police, ce contre-mouvement est parvenu à créer un effet de censure de fait des revendications des membres de l'opposition, lors d'un face-à-face tendu.

Les protestataires demandaient la libération d'opposants au pouvoir. Parmi ces derniers, le rappeur Luaty Beirao, le fer de lance du mouvement contestataire en Angola, et l'activiste Manuel Nito Alves, déjà emprisonné en 2013, à l'âge de 17 ans, pour avoir fait imprimer des t-shirts hostiles au Président. Leur détention a été justifiée par le vice-procureur général Helder Pita Gros, qui a affirmé à la télévision nationale qu'ils avaient été arrêtés car ils étaient sur le point d'organiser un mouvement «aux conséquences incalculables», mobilisant les travailleurs et les étudiants, et non pas pour leurs opinions.

Le président angolais Jose Eduardo dos Santos est un des chefs d’Etat les plus installés d'Afrique. Au pouvoir depuis plus de 35 ans, il est à la tête d'un pays communiste où un seul parti est autorisé. En 2010, il crée une nouvelle constitution et inscrit dans la loi la fin des élections par suffrage universel. Le nouveau texte préconise que le président sera à l'avenir le leader du parti disposant du plus grand nombre de sièges aux Parlement angolais. Avec plus de 80% des sièges – les autres revenant à des petites formations que dos Santos n'a pas jugées dangereuses – le Président s'assure un règne ad vitam æternam à la tête de l'Angola. Ce pays lusophone, qui a arraché son indépendance des mains du Portugal en 1975, après 14 ans de guerre, est le second producteur de pétrole du continent africain, derrière le Nigeria. La Guerre d'indépendance a été suivi par une guerre civile qui a fait 500 000 morts avant de prendre fin en 2002. Depuis, l'Angola connaît une forte croissance économique mais un très faible taux de partage des richesses, plus de la moitié de la population vivant toujours avec moins de deux dollars par jour.