Ce 18 mai, la Ligue et le Mouvement 5 étoiles (M5S) ont annoncé qu'ils soumettraient le 21 mai prochain au président italien Sergio Mattarella leur programme commun. Parmi les mesures du premier gouvernement antisystème d'Italie : la demande de l'annulation immédiate des sanctions contre la Russie.
«Aujourd'hui est finalement défini dans toutes ses composantes le "contrat pour le gouvernement de changement", je suis vraiment heureux : ces 70 jours ont été vraiment intenses, de nombreuses choses sont arrivées, mais à la fin, nous avons réussi à réaliser ce que nous avions annoncé pendant la campagne électorale», a déclaré sur Facebook le chef de file du M5S, Luigi Di Maio.
Il existait entre le M5S au populisme revendiqué et la Ligue, qualifiée d'«extrême droite» par ses adversaires des divergences sur le fond. La formation nationaliste proche du Front national français, qui a fait le plein des voix dans le Nord sur la promesse de baisses massives d'impôts, et le M5S, plébiscité par le Sud pour avoir promis un revenu de citoyenneté, avaient toutefois plusieurs points communs, dont une attitude critique à l'égard de Bruxelles.
Outre la levée des sanctions contre la Russie, le M5S et la Ligue sont tombés d'accord sur plusieurs points qui promettent une confrontation plus ou moins rude avec l'Union européenne. Parmi eux : l'exigence de ne plus inclure les dépenses d'investissement dans le calcul du déficit des Etats (limité à 3% par Bruxelles). L'idée d'une sortie de la zone euro et d'un éventuel référendum à ce sujet, jadis cheval de bataille du M5S, a en revanche été écartée du texte.
L'Italie devrait tourner le dos à l'austérité
C'est en matière économique, que l'accord entre les deux parties est le plus ambitieux. A rebours des politiques mises en place par les gouvernements précédents, la Ligue et le Mouvement 5 étoiles se sont entendus sur des mesures anti-austérité. Le programme de gouvernement inclut ainsi la promesse d'un revenu minimum de 780 euros par personne et par mois, promesse de campagne du M5S.
Un nouveau régime fiscal devrait en outre être instauré dans le pays, avec deux taux d’imposition fixes («flat tax») sur le revenu des particuliers et des entreprises, de 15 et 20%. Le régime de retraite italien, réformé en 2011, sera amendé afin de permettre aux Italiens d'arrêter de travailler dès 41 années de cotisations. L'âge de la retraite, qui devait passer à 67 ans en 2019, sera également abaissée, selon la règle du «barème 100». Désormais, il sera possible de cesser le travail quand la somme de l'âge et des années de cotisation atteint le nombre 100.
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