Lors du concours Eurovision de la chanson 2018, le 12 mai à Lisbonne, le duo français Madame Monsieur (13e) n’a pas convaincu le jury avec sa chanson inspirée du sort d’un bébé nigérian, né sur le bateau humanitaire de l'ONG SOS Méditerranée. C’est en effet la chanteuse israélienne Netta Barzilai et son titre Toy, qui dénonce les violences sexuelles contre les femmes, qui a remporté cette compétition musicale organisée par l'Union européenne de radio-télévision.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs traits caractéristiques de la gagnante ont ravivé des prises de positions liées à l'actualité politique.
En premier lieu, la nationalité de Netta Barzilai a fait ressurgir des tensions déjà fortes au vu du contexte géopolitique tendu au Proche-Orient.
Des internautes n'ont pas hésité à exprimer leur désaveu de la victoire d'une candidate israélienne, appelant ouvertement au boycott de la compétition, dont la prochaine édition devrait se tenir en Israël.
En dépit de ces appels au boycott, un autre s'est justement félicité de la victoire de Netta Barzilai.
Quatre jours avant l'évènement musical, l'un des fondateurs du site pro-palestinen The Electronic Intifada avait posté sur son compte Twitter une photo de la candidate Netta Barzilai, affirmant que cette dernière faisait partie de la marine israélienne en 2014.
«#MeToo» : émancipation, politisation, bien-pensance ?
Nombreux sont par ailleurs ceux qui ont commenté le thème du harcèlement sexuel abordé par la gagnante dans sa chanson, un phénomène notamment mis sur le devant de la scène depuis le lancement du mouvement #MeToo, sur les réseaux sociaux.
Un internaute a par exemple salué l'originalité et la créativité de la chanteuse, selon lui potentiellement bénéfiques pour le mouvement #MeToo.
Un autre internaute considère à l'inverse qu'à l'instar du sujet de l'immigration abordé par le duo français dans sa chanson Mercy, la chanson de l'artiste israélienne relève de la «bien-pensance».
Une autre ironise et tente un rapprochement entre l'imitation de bruits de poule de Netta Barzilai et les revendications portées par le mouvement #MeToo, qui irait «définitivement beaucoup trop loin».
Enfin, certains internautes ont souhaité dénoncer la politisation de l'événement, dont ils ont estimé le résultat «très téléphoné».
Malgré ces critiques diverses, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a pour sa part visiblement apprécié la prestation de sa compatriote. Devant les caméras, il s'est appliqué à imiter la gestuelle d'une poule, reprenant la chorégraphie de Netta Barzilai.
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