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Washington se retire de l'accord nucléaire et promet de nouvelles sanctions contre l'Iran

Washington se retire de l'accord nucléaire iranien, signé en 2015 après une négociation acharnée. Les Etats-Unis vont par ailleurs mettre en place de lourdes sanctions contre Téhéran, qui se dit ouvert au dialogue avec Européens, Russes et Chinois.

Mercredi 9 mai

Le président iranien Hassan Rohani a dit à Emmanuel Macron le 9 mai qu'il «fera tout pour rester dans l'accord» sur le nucléaire, mais il a également réclamé aux Européens des garanties très rapidement, afin que leurs entreprises puissent continuer à travailler avec l'Iran, a fait savoir l'Elysée.

Lors d'un entretien téléphonique de plus d'une heure, les deux présidents ont convenu de mettre en place «sans délai» des «groupes de travail» entre Europe et Iran sur les moyens de présenter, dans les semaines à venir, «de premières garanties que lui même pourrait exposer au peuple iranien pour le convaincre de rester dans l'accord», et «pour continuer à mener des activités économiques en Iran», a précisé la présidence française.

Emmanuel Macron et Hassan Rohani veulent travailler ensemble pour la «mise en œuvre continue» de l'accord, selon l'Elysée. En outre, le président français a appelé son homologue iranien à collaborer avec les autres Etats encore engagés dans l'accord dénoncé par les Etats-Unis afin de préserver celui-ci.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a confirmé le 9 mai que l'Iran remplissait ses «engagements en matière de nucléaire» conformément à l'accord signé avec les grandes puissances.

«L'Iran est soumis au régime de vérification le plus fiable au monde en matière de nucléaire», a réaffirmé Yukiya Amano, directeur général de l'agence onusienne, dans un communiqué. 

L'accord de 2015 représente une «avancée importante en matière de vérification», selon lui.

Le guide suprême iranien Ali Khamenei a qualifié ce 9 mai sur son site internet officiel de «stupide» et de «superficiel» le discours du président américain Donald Trump, qui a annoncé ce 8 mai que les Etats-Unis se retiraient de l'accord sur le nucléaire iranien négocié en 2015.

«Vous avez entendu la nuit dernière le président américain faire des remarques stupides et superficielles. Il a énoncé peut-être plus de dix mensonges dans son discours. Il a menacé le régime et le peuple, expliquant "vous faites ceci, vous faites cela". Monsieur Trump, je vous le dis au nom du peuple iranien : vous avez fait une erreur», a ainsi commenté Ali Khamenei.

La Chine a appelé à sauvegarder l'accord sur le nucléaire iranien, en dépit du retrait des Etats-Unis annoncé par le président Donald Trump, une décision que Pékin a dit «regretter».

La Chine, signataire de l'accord de 2015, «appelle toutes les parties à agir de façon responsable» pour revenir dès que possible au respect d'un texte qui «contribue à préserver la paix au Moyen-Orient», a martelé Geng Shuang, porte-parole de la diplomatie chinoise.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que la Russie restait engagée dans l'accord sur le nucléaire iranien, dans des propos rapportés par l'agence de presse Interfax. 

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a estimé ce 9 mai sur RTL que l'accord sur le nucléaire iranien, que les Etats-Unis ont quitté le 8 mai, n'était pas «mort». «Il s'agit d'une rupture avec un engagement international et la France regrette profondément cette décision», a-t-il ajouté, précisant que le président français Emmanuel Macron s'entretiendrait «dans l'après-midi» avec son homologue iranien Hassan Rohani.

Le chef de la diplomatie française a également fait savoir ce même jour qu'il rencontrerait le 14 mai des représentants de Téhéran afin d'étudier les possibilités de préservation de l'accord, en compagnie des ministres britannique et allemand des Affaires étrangères.

Mardi 8 mai

Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, appelle sur Twitter à sortir de l'OTAN.

«La visite de Macron aux Etats-Unis n'a servi à rien dans le dossier du nucléaire iranien», déplore, sur France info, Sébastien Chenu, porte-parole du FN.

Pour François de Rugy, président (LREM) de l'Assemblée nationale, «la dénonciation de l'accord sur le nucléaire iranien par Donald Trump au nom des Etats-Unis d'Amérique relance l'escalade nucléaire militaire et rajoute de la tension supplémentaire au Moyen-Orient. L'Union européenne doit faire contrepoids».

Dans un communiqué, Jean-Luc Mélenchon, député de La France insoumise, est critique sur la position de Donald Trump qu'il estime être «un danger pour la paix» : «Rien ne justifie de dénoncer l'accord de Vienne : le directeur de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) a affirmé à plusieurs reprises que l'Iran le respecte scrupuleusement [...] La France doit affirmer une position clairement distincte de celle de Donald Trump.»

Il ajoute sur Twitter que le président américain et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou «mentent». «Ras-le-bol de l'empire américain, de ses provocations, de son arrogance et de ses guerres sans fin», accuse-t-il.

Peu après l'annonce de Donald Trump, Israël a lancé une frappe contre une base près de Damas en Syrie.

Le ministère russe des Affaires étrangères se dit profondément désappointé par la décision de Donald Trump. Un acte «infondé», a poursuivi le ministère, selon des propos rapportés par Reuters. Il a également assuré que Moscou continuera de développer des liens bilatéraux avec l'Iran.

Selon des médias syriens, rapportant des propos du ministère des Affaires étrangères, la Syrie «condamne fermement» la décision du président des Etats-Unis de se retirer de l'accord sur le programme  nucléaire iranien.

Barack Obama, président des Etats-Unis de 2009 et 2017, a dénoncé une «grave erreur» de Donald Trump. Sur Twitter, il a estimé qu'il y avait «peu de questions plus importantes pour la sécurité des Etats-Unis que la propagation potentielle des armes nucléaires ou la possibilité d'une guerre encore plus destructrice au Moyen-Orient».

Un porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, a déclaré que la décision des Etats-Unis, de se retirer unilatéralement de l'accord sur le nucléaire iranien signé en 2015, «causera de l'instabilité et de nouveaux conflits».

Dans un tweet, il a également ajouté que la «Turquie continuerait à s'opposer à toutes les formes d'armes nucléaires».

Dans un communiqué, Theresa May a affirmé être sur la même ligne que la France et l'Allemagne, se disant «inquiète» de la décision de Donald Trump : «Cet accord reste important pour notre sécurité commune». «Nous rappelons que l'accord [de 2015] a été approuvé à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU dans sa résolution 2231», a-t-elle également écrit.

«Selon l'AIEA [Agence internationale de l'énergie atomique], l'Iran continue de respecter les restrictions énoncées par l'accord, conformément à ses obligations vis-à-vis du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires», a ajouté le Premier ministre britannique. «Le monde est par conséquent un lieu plus sûr», a-t-elle exposé.

Lire aussi : Emmanuel Macron «regrette» la décision de Donald Trump de sortir de l'accord nucléaire iranien

Dans un communiqué, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé les autres signataires de l'accord de 2015 «à respecter pleinement leurs engagements». «Je suis profondément préoccupé par l'annonce du retrait des Etats-Unis de l'accord et de la reprise de sanctions américaines», a-t-il également souligné.

Les entreprises allemandes devraient immédiatement cesser leurs activités en Iran en raison de la décision américaine de rétablir les sanctions contre Téhéran, a affirmé sur twitter le nouvel ambassadeur américain en Allemagne.

«Les entreprises allemandes faisant des affaires en Iran devraient cesser leurs opérations immédiatement», a commenté Richard Grenell, considérant que «les sanctions allaient viser des secteurs critiques de l'économie de l'Iran». 

John Bolton, conseiller américain à la sécurité nationale, a d'ailleurs jugé «possible» d'imposer de nouvelles sanctions.

Le rétablissement des sanctions américaines liées au programme nucléaire iranien est effectif immédiatement pour les nouveaux contrats, a affirmé le conseiller à la sécurité nationale John Bolton, précisant que les entreprises étrangères auront quelques mois pour «sortir» d'Iran.

En outre, le Trésor américain a fait savoir que les sanctions concernant les anciens contrats conclus en Iran entreraient en vigueur après une période de transition de 90 à 180 jours, quelques minutes après l'annonce par le président Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire signé entre Téhéran et les grandes puissances en 2015. John Bolton a aussi déclaré que Washington était prêt à discuter d'une solution «beaucoup plus large». 

Selon les médias saoudiens, Riyad «soutient et salue» la décision de Donald Trump. «Le royaume soutient et salue les démarches annoncées par le président américain en vue d'un retrait de l'accord nucléaire» conclu entre l'Iran et six grandes puissances en 2015, affirme un communiqué officiel diffusé par la chaîne de télévision Al-Ekhbariya.

Le président de la République islamique d'Iran, Hassan Rohani, a prévenu que Téhéran resterait dans l'accord, sans Washington. Accusant le président américain Donald Trump de pratiquer «une guerre psychologique», Hassan Rohani a déclaré dans une allocution à la télévision d’État iranienne : «Les États-Unis ont toujours montré qu'ils ne respectaient jamais leurs engagements.»

Par ailleurs, il a expliqué vouloir discuter avec les Européens, les Russes et les Chinois. «J'ai ordonné à l'Organisation iranienne de l'énergie atomique de prendre les mesures nécessaires [...] pour qu'en cas de nécessité nous reprenions l'enrichissement industriel sans limite», a toutefois dit Hassan Rohani, semblant lier une telle décision à l'éventualité d'un échec des négociations pour sauver l'accord de Vienne.

Lire aussi : Hassan Rohani : l'Iran restera dans l'accord sur le nucléaire, même sans Washington

Emmanuel Macron a assuré que la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni «regrettent la décision américaine de sortir de l’accord nucléaire iranien». «Le régime international de lutte contre la prolifération nucléaire est en jeu», a poursuivi le président français.

Federica Mogherini a annoncé qu'il fallait défendre l'accord iranien de 2015. L'Union européenne est «déterminée à [le] préserver», a ainsi fait savoir la chef de la diplomatie européenne. «C'était l'une des plus belles réalisations diplomatiques», a par ailleurs attesté Federica Mogherini.

La télévision publique iranienne a déclaré que la décision de Donald Trump était «illégale, illégitime et remet [tait] en cause des accords internationaux».

Benjamin Netanyahou a déclaré que Donald Trump avait pris la bonne décision et le soutient «totalement». Le Premier ministre israélien le remercie également pour son «leadership courageux».

Donald Trump assure qu'il «est prêt à négocier» avec l'Iran si ce dernier se sent «prêt» pour une nouvelle entente.

En revanche, il promet de «graves conséquences» si l'Iran se dote de l'arme nucléaire. «Tout pays qui aidera l'Iran dans sa quête d'armes nucléaires pourrait aussi être fortement sanctionné par les Etats-Unis», a-t-il également averti.

Donald Trump déclare qu’il y aura de nouvelles sanctions «puissantes» contre l'Iran. Le président américain veut «éliminer le programme de missiles iraniens».

«J'envoie un message au peuple iranien : "Le peuple américain est à vos côtés"», annonce Donald Trump qui compare le pouvoir iranien à une «dictature».

Donald Trump affirme avoir «la preuve» que l'Iran a menti sur son programme nucléaire.

«L'accord iranien est vicié», ajoute le président américain.

Donald Trump annonce que les Etats-Unis se retirent de l’accord nucléaire iranien, signé en 2015.

Donald Trump assure que «l'accord [de 2015] n'aurait jamais dû être signé et n'a pas apporté la paix». «Les promesses iraniennes étaient un mensonge», a-t-il dit en accusant l'Iran d'avoir poursuivi ses recherches nucléaires. Le président américain a qualifié l'accord sur le nucléaire iranien de «désastreux».

Donald Trump annonce que «l’Iran alimente les conflits au Moyen-Orient et soutient des milices telles que le Hezbollah, Al-Qaïda ou le Hamas». «L'Iran finance le terrorisme en volant les richesses de son propre peuple», a-t-il ajouté.

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