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MH17: Moscou met son veto à l'ONU à la création d'un tribunal spécial

Le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas approuvé le projet de résolution sur la création d’un tribunal international pour le crash du vol MH17, après que la Russie a posé son véto bloquant ainsi l’adoption de la résolution.

Onze membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont voté pour ce document présenté par la Malaisie avec le soutien de certains autres pays. Cependant, la Russie, en tant que membre permanent, a utilisé son droit de veto et a donc bloqué l’adoption de la résolution. Trois autres pays, l’Angola, le Venezuela et la Chine, se sont abstenus.

«Il est à constater que le projet présenté au vote aujourd’hui est privé de toute base juridique. Nous l’avons expliqué plusieurs fois, appelant nos collaborateurs à réfléchir à d’autres alternatives», a déclaré Vitali Tchourkine, le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, expliquant sa décision d’opposer le veto.

Le diplomate a tout d’abord rappelé que lorsque des avions abattus de façon similaire par le passé, cela n’avait pas provoqué la création d’un tel tribunal. Cela n’avait pas été le cas du vol 655 d’Iran Air, abattu par un navire américain en 1988, ni quand l'Union soviétique a abattu un Boeing en 1983, ni du vol 1812 de la Siberian Airlines abattu par l’armée ukrainienne, qui ont aussi fait plusieurs dizaines de victimes. Vitali Tchourkine a ensuite indiqué que malgré la gravité de l’accident du MH17, il ne pouvait cependant pas être qualifié de «menace à la paix et à la sécurité internationale».

Le ministère russe des Affaires étrangères a expliqué, à son tour, que la résolution de l’ONU concernant la création d’un tribunal était contre-productive et inopportune : une telle mesure «n’a pas de précédents et est proposée trop tôt, avant la fin de l’enquête sur les circonstances de la chute qui est en ce moment en cours». Ainsi, la Russie qui dit avoir voulu empêcher un schisme au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, ne pouvait pas accepter la proposition politisée ainsi imposée au Conseil, indique le ministère.

Cependant, Vitali Tchourkine a souligné que la Russie est prête à aider à «mener une enquête indépendante et objective sur les raisons et les circonstances du crash du Boeing malaisien, afin de déterminer les responsables et les punir». D’après lui, la position prise au cours du vote n’a rien à voir avec l’encouragement de l’impunité.

Malgré la décision prise par le Conseil, qui n’a pas soutenu la création d’un tribunal, d’autres mécanismes seront mis en place afin de punir les coupables de la chute du MH17, a déclaré le ministre malaisien des Transports Liow Tiong Lai, à la suite l’annonce.

«Je veux souligner que les événements d’aujourd’hui ne vont pas nous arrêter, nous serons toujours déterminés à rechercher les responsables et garantir la justice pour toutes les victimes innocentes», a-t-il poursuivi.

Le président Porochenko, à son tour, a promis de punir les responsables dans le crash après que le projet de résolution a été rejeté. «Les résultats parlent d’eux-mêmes. Mais l’Ukraine ne va pas s’arrêter là. Les responsables doivent être punis, c’est notre devoir devant les victimes et leurs familles», lit-on sur le page Facebook du président ukrainien.

Le projet de résolution qui prévoit la création d’un tribunal pénal international sur la catastrophe du Boeing dans le Donbass a été présenté par la Malaisie avec le soutien de l’Australie, de la Belgique, des Pays-Bas et de l’Ukraine, les pays qui font partie d’une équipe commune d’enquête sur ses circonstances. La Russie n’a cependant pas été admise à particper à cette enquête, même si elle a proposé à plusieurs reprises sa coopération.