La demande a été effectuée dans un rapport écrit par trois économistes entretenant de forts liens avec le FMI et commissionné par Ad Hoc Group de Porto Rico, qui réunit 34 fonds spéculatifs. Ces organisations financières sont spécialisées dans les «dettes décotées» - les finances dont les emprunteurs n’ont pas la capacité de payer – acquises à un prix dérisoire, avec ensuite l’objectif d’en tirer quelque chose. Connu sous le nom peu reluisant de «fonds vautours», la plupart de ces 34 fonds étaient déjà impliqués lors de la crise financière de 2008.
En tout, ils détiennent 5,2 milliards de dollars en obligations publiées par l’île caraïbe. Cette dernière appartient aux Etats-Unis mais n’est pas considérée comme en faisant partie. Le mois dernier, Alejandro Garcia Padilla, le gouverneur de Porto Rico, a estimé que la dette totale de l’île «ne pouvait être payée».
Mais les auteurs du rapport jugent que Porto Rico «peut échapper à une faillite couteuse» et «générer de la croissance», en augmentant les impôts, qui peuvent apporter trois milliards de dollars par an vers 2020, et en réduisant les dépenses, économisant ainsi deux milliards de dollars par an vers la même date.
Les auteurs accusent l’île, où environ 56% d’enfants vivent dans la pauvreté, de trop dépenser pour l’éducation, alors que le gouvernement a déjà fermé environ 100 écoles depuis le début de l’année.
Parmi les mesures suggérées il y a «la réduction du nombre de professeurs pour s’adapter à la taille de la population étudiante» et une réduction «des subventions accordées à l’Université de Porto Rico» et «des avantages excessifs de Medicaid».
Porto Rico dépense environ 80% de la moyenne américaine sur l’éducation alors que son revenu médian par ménage est le tiers de celui des Etats-Unis. Cependant, l’île souffre des taux de réussite et autres scores de performance les plus bas de tous les Etats-Unis et territoires affiliés.
«Les dépenses réelles par étudiant ont énormément augmenté sans hausse de la qualité de l’éducation. C’est le gouvernement qui doit décider dans quelle mesure il faut réduire les dépenses, mais vous ne voulez pas gaspiller les ressources gouvernementales. Il faut être efficace. C’est plus important de créer les conditions pour une hausse», a dit au Guardian Jose Fajgenbaum, un des auteurs du rapport.
Les auteurs préconisent aussi une augmentation des taux d'imposition, actuellement parmi les plus bas du monde (4%), de même pour les impôts fonciers.
Les fonctionnaires locaux, qui souhaiteraient une aide financière de la part de Washington ou une renégociation des conditions avec les créanciers, ont rejeté le rapport.
«il est clair qu’une austérité extrême n’est pas une solution viable pour une économie qui est déjà à genou», a indiqué dans une déclaration Victor Suarez, le chef de cabinet du gouverneur.
Luis Gallardo, le député de la majorité municipale de Aguas Buenas, une ville rural de l’île, a dit au Guardian que c’était typiquement la recette du FMI d’ignorer ainsi les problèmes de la population locale.
L’île souffre d’une fuite des cerveaux importante, accusant le septième plus rapide déclin de population dans le monde l’année passée, et un des taux de crimes violents les plus hauts de la région caraïbe.
Des décisions sur l’avenir financier de Porto Rico doivent être annoncées dans les jours à venir.