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Frappes occidentales en Syrie : le retrait des troupes américaines n'est plus d'actualité

Après son opération militaire contre la Syrie, menée avec la France et le Royaume Uni, Washington a fait savoir qu'elle ne retirerait pas ses troupes dans l'immédiat. La Russie a pour sa part souligné qu'elle avait ses propres «lignes rouges».

Dimanche 15 avril

Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah libanais, allié de Damas, de l'Iran et de la Russie dans la lutte contre les groupes terroristes en Syrie, a estimé que les frappes occidentales étaient un échec. Cité par Reuters, il a jugé qu'elles n'étaient ni parvenues à terroriser l'armée syrienne, ni à aider les rebelles, ni à servir les intérêts d'Israël.

Selon Hassan Nasrallah, l'armée américaine et ses alliés français et britannique s'en sont tenus à des frappes limitées pour éviter une riposte de Damas et de ses alliés, et un embrasement de la région.

Dans un entretien à la chaîne américaine CBS, Nikki Haley, ambassadeur des Etats-Unis aux Nations unies a fait savoir que de nouvelles sanctions contre la Russie allaient être annoncées dès le 16 avril.

«Elles viseront directement toutes les entreprises qui s'occupent d'équipements liés à Assad et à l'utilisation d'armes chimiques», a-t-elle déclaré, sans donner plus de précisions.

L'ambassadeur des Etats-Unis aux Nations unies a fait savoir que Washington ne retirerait pas ses troupes de Syrie jusqu'à ce que ses objectifs soient accomplis.

Tout en reconnaissant que le but des troupes américaines est de rentrer au pays, Nikki Haley a déclaré sur Fox News le 15 avril : «Nous n'allons pas partir jusqu'à ce que nous ayons accompli [nos objectifs en Syrie].»

L'ambassadeur a ensuite nommé trois objectifs pour Washington en Syrie : s'assurer que des armes chimiques ne soient pas utilisées d'une manière qui présente un risque aux intérêts américains, la défaite de Daesh et garder un œil sur les activités de l'Iran. 

Quelques jours avant les frappes des Etats-Unis du Royaume-Uni et de la France en Syrie, qui accusent Damas d'être responsable d'une présumée attaque chimique, la Maison blanche avait pourtant assuré qu'elle allait retirer ses troupes de Syrie. Elle estimait alors que son objectif avait été atteint, Daesh ayant été défait.

Après avoir attaqué des cibles des autorités syriennes le 14 avril, la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont remis à leurs 12 partenaires du Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution sur la Syrie à plusieurs facettes – chimique, humanitaire et politique.

Dans le domaine chimique, le texte «condamne dans les termes les plus forts tout recours aux armes chimiques en Syrie», en particulier l'attaque supposée du 7 avril à Douma, attribuée par les Occidentaux aux autorités syriennes, dont Moscou et Damas soutiennent qu'elle n'a pas eu lieu. Le texte de résolution prévoit de créer «un mécanisme indépendant» d'enquête et d'attribution des responsabilités «basé sur des principes d'impartialité et de professionnalisme».

En outre, le texte «exige des autorités syriennes qu'elles s'engagent dans des négociations inter-syriennes de bonne foi, de manière constructive et sans préconditions», en application des dernières discussions menées à Genève le 3 mars – négociations actuellement au point mort.

Samedi 14 avril

Les Etats-Unis ont affirmé ce 14 avril avoir «frappé avec succès» toutes les cibles syriennes prévues par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, en représailles à l'emploi présumé d'armes chimiques à Douma (est de Damas) une semaine plus tôt.

«Nous ne cherchons pas à intervenir dans le conflit en Syrie mais nous ne pouvons permettre de telles violations des lois internationales», a déclaré une porte-parole du Pentagone, Dana White, au cours d'une conférence de presse. «Nous avons frappé avec succès chaque cible», a-t-elle ajouté.

L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé qu'elle allait poursuivre sa mission d'enquête sur l'attaque présumée à Douma le 7 avril, que les Occidentaux imputent à l'armée syrienne. Ses experts devaient arriver en Syrie ce 14 avril.

Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni communiqueront avec leurs alliés de l'OTAN ce 14 avril sur les frappes menées en Syrie pendant la nuit. Une réunion spéciale a été convoquée au quartier général de l'OTAN. Elle réunira les 29 ambassadeurs des pays membres de l'alliance. L'organisation n'a pas été impliquée dans les frappes mais son secrétaire Jens Stoltenberg a signalé dans un communiqué qu'il les soutenait.

Une «bonne partie de l'arsenal chimique du régime», a été «détruite», a fait savoir ce 14 avril sur BFM TV le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. «Le but de cette opération était de détruire les outils chimiques clandestins de Bachar el-Assad», a expliqué l'ancien ministre de la Défense depuis le quai d'Orsay. «Si d’aventure la ligne rouge était à nouveau franchie, il y aurait à nouveau des frappes», a également signalé Jean-Yves Le Drian. Le chef de la diplomatie française pense cependant «que la leçon a été comprise».

L'armée française a annoncé avoir tiré 12 missiles au cours de l'intervention en Syrie, selon un communiqué du ministère français de la Défense qui ajoute qu'il n'y a aucune indication selon laquelle ces missiles auraient été interceptés.

L'armée russe a affirmé le 14 avril que les frappes menées par les Etats-Unis et leurs alliés contre Damas n'avaient fait «aucune victime» civile ou militaire.

«Selon des informations préliminaires, il n'y a aucune victime au sein de la population civile ou de l'armée syrienne», a déclaré le général Sergueï Roudskoï lors d'une conférence de presse.

D'après le ministère russe de la Défense, la défense antiaérienne syrienne a intercepté 71 missiles de croisière occidentaux sur les 103 lancés contre des installations la Syrie par les Etats-Unis et leurs alliés. «Cela témoigne de la grande efficacité de ces systèmes [antiaériens] et de l'excellente formation du personnel militaire syrien entraîné par nos spécialistes», a déclaré le général russe Sergueï Roudskoï lors d'une conférence de presse.

«La Russie convoque une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU pour évoquer les actions agressives des Etats-Unis et de leurs alliés», a annoncé le Kremlin dans un communiqué.

Selon une déclaration du porte-parole du parti présidentiel turc AKP, Ankara a été informé en amont des frappes menées par la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis en Syrie.

S'exprimant à propos des frappes en Syrie, le guide iranien Khamenei qualifie de «criminels» les dirigeants Trump, Macron et May.

Le 14 avril, le comité de Défense et de Sécurité israélien dirigé par Benjamin Netanyahou a déclaré par la voix d'un de ses membres, Yoav Gallant, que «l'utilisation de l'arme chimique [constituait] une ligne rouge que l'humanité ne [pouvait] plus tolérer». Sur Twitter, il a également déclaré : «L'attaque américaine est un important signal envoyé à l'axe du mal : L'Iran, la Syrie et le Hezbollah.»

La présidence syrienne a diffusé une vidéo de Bachar el-Assad avec un message en forme de réponse à l'attaque perpétrée par les Occidentaux : «Matin inébranlable».

Selon une source de l'entourage du président français cité par Reuters, des Mirage et des Rafale ont pris part aux frappes en Syrie, ainsi que quatre frégates.

La «guerre» des Etats-Unis contre la Syrie «n'atteindra pas ses objectifs», a estimé le 14 avril le Hezbollah chiite libanais, allié de Bachar al-Assad, après les raids occidentaux qui ont visé plusieurs cibles militaires.

«La guerre menée par les Etats-Unis contre la Syrie, contre les peuple de la région et les mouvements de la résistance [...] n'atteindra pas ses objectifs», a affirmé le Hezbollah dans un communiqué.

Le ministère des Affaires étrangères turc a jugé «appropriées» les frappes contre la Syrie. «Nous saluons cette opération qui soulage la conscience de l'humanité tout entière face à l'attaque de Douma que tout porte à attribuer au régime syrien», a affirmé un communiqué du ministère turc des Affaires étrangères. 

Le ministère de la Défense russe a déclaré que ses systèmes de défense aériens n'étaient pas impliqués dans l'interception de missiles qui ont visé le territoire le syrien.

«Plus de 100 missiles de croisière et missiles air-surface ont été tirés par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France depuis la mer et l'air sur des objectifs syriens militaires et civils», a indiqué le ministère dans un communiqué cité par l'agence de presse officielle RIA Novosti.

«Un nombre significatif» de ces missiles ont été abattus par la défense aérienne syrienne, d'après le ministère russe.

Les installations russes de défense aérienne stationnées en Syrie n'ont pas été utilisées, selon le ministère. Aucun des missiles occidentaux n'a touché les zones couvertes par les défenses aériennes de la Russie autour de ses bases de Tartous et de Hmeimim en Syrie, selon la même source.

Le ministère russe a indiqué que les missiles avaient été tirés depuis des navires américains en mer Rouge, par des avions volant au-dessus de la Méditerranée et par des bombardiers stratégiques américains venus de la base aérienne d'Al-Tanf, dans le sud-est de la Syrie.

Israël a justifié les frappes américaines, françaises et britanniques en Syrie en affirmant que le gouvernement syrien poursuivait ses «actions meurtrières», selon un responsable israélien.

«L'an dernier, le président américain Donald Trump a fait savoir que l'utilisation d'armes chimiques reviendrait à violer une ligne rouge. Cette nuit sous la direction américaine, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont agi en conséquence. La Syrie poursuit ses actions meurtrières», a ainsi déclaré le responsable israélien, sous couvert d'anonymat.

Le ministère des Affaires étrangères syrien a dénoncé «l'agression barbare et brutale» des Occidentaux après les frappes menées peu avant l'aube par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne contre des bases militaires, a rapporté l'agence officielle Sana.

Ces frappes visent à «entraver» une mission de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui devait entamer le 14 avril son enquête à Douma sur une attaque chimique présumée, selon Sana. L'agence cite une source au ministère des Affaires étrangères qui accuse les Occidentaux de chercher ainsi à dissimuler «leurs mensonges».

Lors d'une conférence de presse, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian a qualifié l'opération en Syrie de «légitime», «proportionnée» et «ciblée».

«L'escalade chimique en Syrie n'est pas acceptable», a-t-il ajouté au cours de sa déclaration à l'Elysée avec le ministre de la Défense Florence Parly.

Plus de 100 missiles de croisière ont été lancés par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France lors de leur attaque contre la Syrie, selon des informations de la Défense russe.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a souligné l'importance d'agir en conformité avec la charte de l'ONU et le droit international. L'intervention militaire occidentale contre la Syrie n'a pas été autorisée par le Conseil de sécurité de l'ONU.

Antonio Guterres a appelé les membres du Conseil de sécurité à se mettre d'accord sur l'ouverture d'une enquête qui établirait l'identité des auteurs d'attaques chimiques en Syrie.

Il a par ailleurs a appelé tous les Etats membres à faire preuve de retenue et à s'abstenir de tout acte qui pourrait conduire à une escalade après les frappes occidentales contre la Syrie.

«J'appelle tous les Etats membres à faire preuve de retenue dans ces circonstances dangereuses et à éviter tous les actes qui pourraient entraîner une escalade de la situation et aggraver les souffrances du peuple syrien», a déclaré dans un communiqué Antonio Guterres, qui a reporté un voyage prévu en Arabie saoudite pour gérer les suites de l'action militaire lancée par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France.

L'Iran, allié de Damas, a mis en garde contre les «conséquences régionales» des frappes menées par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni contre la Syrie, et les a «fermement» condamnées.

«Les Etats-Unis et leurs alliés, sans aucune preuve et avant même une prise de position de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) ont menée cette action militaire [...] contre la Syrie et sont responsables des conséquences régionales de cette action aventuriste», a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires.

«La ligne rouge fixée par la France en mai 2017 a été franchie. J’ai donc ordonné aux forces armées françaises d’intervenir cette nuit, dans le cadre d’une opération internationale menée en coalition avec les Etats-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni et dirigée contre l’arsenal chimique clandestin du régime syrien», a déclaré Emmanuel Macron dans un communiqué diffusé dans la nuit.

Le président français a ensuite publié sur Twitter des messages en français, anglais et arabe avec une photo le montrant en train de présider une réunion à l'Elysée avec la ministre de la Défense Florence Parly et ses principaux conseillers diplomatiques et militaires.

Le ministère de la Défense et l'Elysée ont également diffusé une vidéo montrant des Rafale décoller dans la nuit pour aller mener les frappes.

Ils n'ont pas précisé quels moyens militaires avaient été mobilisés pour cette opération qui est «circonscrite aux capacités du régime syrien permettant la production et l’emploi d’armes chimiques», selon l'Elysée.

Le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian et Florence Parly doivent faire une déclaration à 07h00 depuis l'Elysée.

L'OTAN apporte son «soutien» aux frappes menées par les occidentaux contre la Syrie, a indiqué son chef Jens Stoltenberg dans un communiqué.

«Je soutiens les actions prises par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France contre les installations et capacités d'armes chimiques du régime syrien», a affirmé le secrétaire-général de l'Alliance atlantique. «Elles vont réduire la capacité du régime à mener d'autres attaques contre le peuple de Syrie avec des armes chimiques», a-t-il ajouté.

«L'OTAN a constamment condamné le recours continu de la Syrie à des armes chimiques comme une violation claire des normes et accords internationaux», soutient le chef de l'OTAN, déclarant que «les responsables doivent en rendre compte».  

Le gouvernement syrien a dénoncé l'opération militaire menée par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, estimant qu'elle était «vouée à l'échec» et y voyant une «violation flagrante» du droit international.

«L'agression tripartite contre la Syrie est une violation flagrante du droit international [...] et elle sera vouée à l'échec», a rapporté l'agence officielle Sana.

Selon le ministère de la Défense russe, aucune des frappes n'a eu lieu près des bases russes.

Le général Joe Dunford, chef d'état-major américain, a assuré que les cibles avaient été choisies pour éviter de frapper les forces russes, mais que Moscou n'avait pas été averti à l'avance de l'intervention

L'ambassadeur de Russie aux Etats-Unis a estimé que les frappes des occidentaux en Syrie constituaient une «insulte au président russe», et a assuré qu'elles auraient des conséquences.

Le ministre américain de la Défense Jim Mattis a déclaré qu'il n'y avait pas d'autres frappes prévues pour l'instant contre la Syrie.

Les frappes menées pendant une heure contre le programme d'armement chimique de la Syrie par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont envoyé un «message clair» au président syrien Bachar al-Assad, a estimé le ministre américain de la Défense Jim Mattis.

Le chef d'état-major, le général Joe Dunford, a indiqué que les forces occidentales avaient frappé trois cibles liées au programme d'armement chimique syrien, l'une près de Damas et les deux autres dans la région de Homs, dans le centre de la Syrie.