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La crise agricole française vue par la presse internationale

Si en France, la crise agricole a mobilisé l'attention des médias et du gouvernement, cette crise n'est pas passé inaperçue non plus dans la presse internationale. Revue de presse non exhaustive.

L'Allemagne, entre solidarité et agacement

En Allemagne, les agriculteurs allemands en ont eu assez visiblement d'être désignés responsables des problèmes des producteurs français. 

De plus les barrages aux frontières, les aides allouées aux agriculteurs ont sonné du point de vue de Berlin comme un boycott des produits allemands, inacceptable pour les agriculteurs outre-Rhin qui expliquent eux aussi souffrir de la pression de la grande distribution et des prix trop bas.

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 Die Welt, principal quotidien allemand ironise ainsi dans un article intitulé «il faut sauver l'entrecôte» sur la propension des agriculteurs français à s'enflammer : «un été en France ne serait pas vraiment un été sans les agriculteurs bloquant les autoroutes, brûlant un tas d'ordures avant de bousculer les autorités». 

Selon lui, «bien qu'aucun autre pays européen n'ait autant profité de l'aide européenne que la France, les agriculteurs français sont les principaux perdants d'une brutale chute des prix».

Cependant le quotidien allemand inscrit cette crise dans une dimension plus large que la France: «Ces protestations à la frontière espagnole et allemande montrent que cette crise a une dimension européenne».

Le remède? Pour Die Welt, «ce dont l'Europe a besoin est d'une politique agricole durable (...). Quand les paysans français et leurs vaches ne peuvent plus vivre, c'est un peu de l'Europe qui meurt».

Une crise qui intéresse au Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, la presse semble avoir suivi avec un intérêt teinté de critique envers les débordements la crise française, spécialement le Guardian.

Ainsi le 27 juillet, le quotidien de référence titre sur le blocage des frontières allemandes et espagnoles pour protester contre l'importation de produits étrangers: «Craignant le puissant lobby agricole de France, le gouvernement a dévoilé un paquet d'un montant de 600 millions d'euros en allégements fiscaux et des garanties de prêts, mais l'aide n'a pas pour autant arrêter l'agitation».

Le quotidien britannique a également son explication de cette crise qui tient selon lui à «une combinaison de facteurs, le changement des habitudes alimentaires, le ralentissement de la demande chinoise, l'embargo russe sur les produits occidentaux, a fait baisser les prix pour les produits de base comme le bœuf, le porc et le lait. Paris a estimé qu'environ 10% des exploitations en France - environ 22 000 - sont au bord de la faillite avec une dette combinée de un milliard d'euros».

Enfin, dans un autre article, toujours en date du 27 juillet, le quotidien estime que «En vertu des règles de l'Union Européenne, Paris ne peut pas accorder une aide financière directe, mais, craignant de puissant lobby agricole de la France et conscient de la popularité des agriculteurs en tant que gardiens de la tradition rurale française, le gouvernement a annoncé un plan d'urgence».

Etats-Unis et Espagne dans l'expectative

Le New York Times a fait, quant à lui, un compte rendu plutôt neutre des évènements en France. Dans son article en date du 27 juillet, le quotidien américain fait toutefois remarquer que si le gouvernement français a offert 600 millions d'euros en aide de crédits et impôts aux agriculteurs, «la France ne peut fournir une aide financière directe en vertu des règles de l'UE».

Quant aux plaintes des agriculteurs français devant l'importation de produits allemands, le journal fait remarquer que «les produits alimentaires et agricoles exportés par l'Allemagne vers la France l'an dernier ont atteint 5,6 milliards d'euros, l'Allemagne a importé  quant à elle 6 milliards de dollars de produits français».

Enfin, du côté de la presse espagnole, le quotidien El Mundo se contente de décrire la situation. Dans son article en date du 27 juillet, le journal note simplement «Dans le sud-ouest, une centaine de paysans ont enregistré des dizaines de camions en provenance d'Espagne, menaçant de retirer tous les fruits et la viande destinés au marché français. Les manifestants ont levé leurs barrières avec l'aide de dizaines de tracteurs à péage de l'autoroute».

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