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Migrants africains : Netanyahou change d'avis et annule son accord avec l'ONU

Malgré sa déclaration fracassante du 2 avril, Benjamin Netanyahou a décidé d'annuler l'accord passé avec l'ONU selon lequel Israël aurait expulsé une partie de ses migrants africains vers «des pays développés comme l'Allemagne et l'Italie».

Le 3 avril, le Premier ministre israélien a déclaré qu'il décidait finalement d'annuler purement et simplement l'accord qu'il avait déjà décidé de suspendre la veille au soir.

Le 2 avril, seulement quelques heures après l'avoir annoncé, l'Etat hébreu avait suspendu par surprise un accord conclu avec l'ONU et destiné à régler le sort de milliers de migrants africains vivant en Israël.

Cet accord prévoyait la réinstallation de plus de 16 000 Soudanais et Erythréens résidant sur le territoire israélien vers des pays occidentaux. En échange, Israël s'engageait à donner un titre de séjour à un nombre équivalent d'entre eux devant rester sur son territoire.

«J'ai décidé de suspendre l'application de cet accord et d'en repenser les termes», a écrit Benjamin Netanyahou sur sa page Facebook le 2 avril au soir, affirmant avoir été attentif aux critiques de certains habitants de Tel-Aviv, où vivent la plupart de ces migrants, contre cet accord.

Certains de ces habitants dénonçaient le fait que des milliers de Soudanais et d'Erythréens soient autorisés à rester en Israël.

«Je suis attentif aux critiques et je vais rencontrer vos représentants demain matin», a affirmé Benjamin Netanyahou qui avait promis l'année dernière aux habitants de «rendre le sud de Tel-Aviv aux citoyens d'Israël.»

La classe politique israélienne s'inquiète

La suspension de l'accord avec l'ONU, annoncé en grande pompe le même jour, puis son annulation le lendemain, a surpris la classe politique.

Le député travailliste Itzik Shmouli (opposition) a évoqué sur Twitter «le mal de tête provoqué par les zigzags de Netanyahou», tandis que le chef de son parti Avi Gabbay a qualifié cette annonce d'«inquiétante». 

L'accord avec le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) devait remplacer un projet gouvernemental d'expulsions très controversé, annulé officiellement le 2 avril.

Le HCR n'avait pas donné de détail sur les pays d'accueil mais le Premier ministre israélien, avait cité «des pays développés comme le Canada, l'Allemagne et l'Italie».

Les pays qui devaient recevoir ces migrants ne semblaient pas au courant...

Il n'existe «aucun accord» avec l'Italie dans le cadre du document signé entre Israël et HCR, pour la réinstallation de ces migrants, avait toutefois réagi le ministère italien des Affaires étrangères. 

Le ministère allemand de l'Intérieur a assuré de son côté «ne pas avoir connaissance d'une demande concrète concernant une prise en charge de réfugiés vivant en Israël, en particulier originaires de pays africains.»

Le gouvernement israélien avait d'abord prévu de donner le choix à des milliers de migrants africains présents sur son territoire de partir d'ici à début avril – soit pour leur pays d'origine, soit pour un pays tiers – ou d'aller en prison indéfiniment.

Ce projet avait suscité de nombreuses critiques, notamment du HCR et d'ONG. Ces dernières semaines, des manifestations avaient réuni des dizaines de milliers de personnes dans plusieurs villes du pays dont des survivants de la Shoah pour demander le retrait de ce projet.

Selon les autorités israéliennes, 42 000 migrants africains, vivent en Israël, mais femmes et enfants n'étaient pas concernés par ce plan.

Le Rwanda n'en voulait pas non plus

Ces migrants sont arrivés majoritairement après 2007 à partir du Sinaï égyptien. La frontière, à l'époque poreuse, avec l'Egypte a depuis été rendue quasiment hermétique. Ils se sont installés en nombre au sud de Tel-Aviv.

Israël admettait tacitement ne pas pouvoir renvoyer dans leur pays ces milliers d'Erythréens et de Soudanais sans mettre leur vie en danger. Le gouvernement érythréen a été accusé par l'ONU de crimes contre l'humanité «généralisés et systématiques».

Le gouvernement israélien avait donc imaginé les renvoyer vers un pays tiers qu'il n'avait jamais nommé jusqu'à aujourd'hui. Benjamin Netanyahou a dévoilé le soir du 2 avril qu'il s'agissait du Rwanda qui a refusé d’accueillir des «clandestins africains».

«Pour pouvoir les expulser légalement, il fallait l'accord d'un pays tiers et quand nous avons vu ces dernières semaines que cette option n'existait plus, nous avons dû trouver une autre solution», a expliqué Benjamin Netanyahou.

Israël : un «paradis pour les clandestins» ?

Le ministre de l'Education israélien Naftali Bennett, du parti nationaliste religieux Foyer Juif a dénoncé l'accord avec l'ONU, qui selon lui, «signifie qu'Israël va se transformer en paradis pour les clandestins».

Le ministre des Finances Moché Kalhlon, un des piliers de la coalition, a déclaré que «le gouvernement doit se réunir et décider d'une nouvelle trajectoire sur ce sujet».

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