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Le fils de Mouammar Kadhafi, Saïf, condamné au peloton d'exécution en Libye

Saïf al-Islam Kadhafi, le second fils de l’ancien dirigeant libyen, le colonel Kadhafi, s’est vu infliger la peine capitale pour «des crimes de guerre» pendant la révolte de 2011, malgré la demande de son extradition par la Cour de La Haye.

L’une des plus notables figures de l’ancien gouvernement libyen renversé en 2011, Saïf al-Islam Kadhafi, a été jugé mardi par contumace coupable de «crimes de guerre et de répression de manifestations pacifiques». Son verdict a été prononcé en Libye à côté de ceux d’autres proches de Mouammar Kadhafi, dont l’ancien chef des renseignements, Abdullah Senussi et deux ex-Premiers ministres, Baghdadi Ali al-Mahmoudi et Abuzed Omar Dorda.

Saïf al-Islam n’était pourtant pas présent lors de la séance et a témoigné par téléconférence.

Le tribunal a été organisé par la coalition islamiste «Fajr Libya» qui contrôle la capitale Tripoli et a pris le pouvoir après avoir chassé en 2014 le gouvernement internationalement reconnu de la capitale libyenne, qui se réfugie depuis à Toubrouk.

Ce procès, qui n’a duré que deux jours et s’est déroulé dans un climat de complète insécurité, ne peut pas être qualifié d’équitable, a estimé l’avocat John Jones, qui a participé à la défense de Saïf al-Islam Kadhafi, dans une interview accordée à RT, à la veille du jugement.

«C’est vraiment une parodie de procès», a-t-il estimé. «Le ministre de la Justice libyen a lui-même qualifié le processus de complètement illégitime. Le parquet n'a pas appelé de témoins à la barre. Ils ont simplement relu les confessions obtenues par la force ou la torture. C'était une cour de miliciens, les juges étaient sous le contrôle complet des milices armées, il n'y avait donc aucun chance que la justice soit rendue de façon équitable», a raconté John Jones à RT mardi suite à l'annonce du verdict.

Il a en outre rappelé que la Cour pénale internationale (CPI) a demandé en juin 2011 l'extradition de Saïf al-Islam vers La Haye, où il a été inculpé de crimes contre l’humanité, pour le traduire en justice. Cependant, la Libye n’a pas satisfait cette demande, qui avait pourtant un caractère obligatoire, étant basée sur une résolution correspondante de l'ONU, en appelant à un procès contre Saïf al-Islam à Tripoli.

Le gouvernement libyen d'après la révolte de 2011 a même arrêté illégalement des membres de la Cour pénale de la Haye en juin 2012 pour un mois, les accusant de livrer des documents «dangereux» et des moyens d’espionnage à Saïf al-Islam. L’équipe de responsables était arrivée en Libye pour discuter de l’extradition potentielle du fils de Kadhafi.

Le Centre d’information sur la Libye, un organe composé de membres de la Cour de la Haye qui conduisent leur propre enquête contre Saïf al-Islam, a également condamné le verdict prononcé mardi, estimant qu’il avait été rendu illégalement.

«C’est une fausse cour. Sous la table, on essaie de négocier avec moi un accord que je devais accepter pour qu’ils «s’en chargent [les pays coalisés]», avait raconté Saïf al-Islam lui-même à une correspondante de RT en 2011. «Cela montre que cette cour est contrôlée par ces mêmes pays qui nous attaquent chaque jour ! La justice ici en Libye est une farce», avait alors estimé l’accusé.

Le parcours tumultueux de Saïf al-Islam Kadhafi

Avant la chute du gouvernement de Mouammar Kadhafi, lors de la campagne de bombardements de la coalition internationale qui a détruit l’armée régulière et permis aux forces rebelles de prendre le pouvoir, Saïf al-Islam Kadhafi était considéré comme la deuxième personne la plus influente de Libye, même s’il n’occupait pas de poste officiel. Ayant reçu son éducation à Londres, il s’occupait d’investir les réserves du pays - des milliards de dollars - dans des projets à l’étranger.

Avant la révolution, Saïf était perçu comme un des réformateurs clés dans le pays. Il était également très connu dans les hauts cercles de la société britannique, et a même été reçu dans la Palais de Buckingham par la famille royale.

En novembre 2011, Saïf al-Islam avait été capturé par les forces rebelles, alors qu’il essayait de quitter la Libye après l’exécution de son père. Il a été, depuis, détenu par des milices locales, dans la ville de Zentan, lesquelles ont refusé plusieurs demandes du gouvernement internationalement reconnu alors siégeant à Tripoli de le leur transférer pour le traduire en justice. C'est pour cette raison qu'il n'a pu être présent à aucune séance de la cour, dont le procès a débuté en avril 2014.

Parmi les huit enfants de Mouammar Kadhafi, trois de ses fils ont été tués dans les violences de 2011.

Le troisième fils du dirigeant renversé, Moatassem Kadhafi, a été capturé en 2011, puis exécuté par les rebelles au côté de son père, qui avait dirigé le pays pendant quelque 41 ans.

Attention : la vidéo attachée à cet article comporte des images violentes.

Encore deux fils, Saïf al-Arab et Khamis, ont péri dans les bombardements du pays, respectivement le 30 avril 2011 dans sa maison et le 29 août 2011 près de Tarhounah.