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A Kiev, Le Drian fustige la Russie… et vend des hélicoptères à la police et l'armée

Rompant avec une ligne conciliatrice, le ministre français des Affaires étrangères, en voyage officiel à Kiev, a repris à son compte la rhétorique antirusse des autorités ukrainiennes. A la clé : une vente d’hélicoptères Airbus.

La visite de Jean-Yves Le Drian à Kiev le 23 mars a été l’occasion d’annoncer la signature d’un accord préliminaire pour la vente de 55 hélicoptères Airbus. Le ministre français des Affaires étrangères a également eu l'occasion de donner au gouvernement ukrainien des gages de l'alignement de Paris sur Kiev sur la question de l'Est ukrainien. 

Arsène Avakov, actuel ministre de l’Intérieur d’Ukraine, a précisé que la commande des hélicoptères comprenait un mélange de trois modèles : des H145, H125 et H225. Ils devront équiper la police, les services de secours d’urgence et l’armée. Tous trois existent en effet dans des versions civiles et militaires. Le projet d’équiper l’Ukraine avec ces appareils avait d’ailleurs déjà été annoncé fin janvier par le même ministre.

Cette première visite à Kiev de Jean-Yves Le Drian répondait à celle, début février, de son homologue ukrainien Pavel Klimkine. Elle avait officiellement pour objectif «de rappeler l’engagement de la France dans la résolution du conflit et la mise en œuvre des accords de Minsk» et devait être l’occasion de marquer le soutien du gouvernement français «au processus de réformes en Ukraine», selon le programme dévoilé sur son site. Le Quai d'Orsay annonçait également diverses rencontres dont une avec l’actuel président du Parlement d’Ukraine Andry Parouby, cofondateur du Parti social-nationaliste d’Ukraine (extrême droite nationaliste) rebaptisé Svoboda.

Le ministre français des Affaires étrangères désigne un «agresseur» et un «agressé»  

Vis-à-vis du conflit qui s’éternise dans l’est de l’Ukraine entre les séparatistes des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, et le pouvoir ukrainien issu du coup d’Etat de 2014, la France s'était toujours prononcée en faveur d'une solution pacifique, contribuant à la signature des accords de Minsk (février 2015). Peut-être pour accompagner la signature du contrat toujours en suspens, jouant le rôle de VRP de l’armement français, Jean-Yves Le Drian a cette fois employé des termes éloignés de tout souci de conciliation.

Alors que la Russie a toujours nié être partie prenante du conflit, le ministre des Affaires étrangères, cité par Ouest-France, a parlé de «conflit avec la Russie», sans faire mention des séparatistes qui contrôlent des parties du territoire dans l’est du pays. Il a même martelé : «Sur ce point, je vais être très clair. Dans cette crise, il y a pour nous un pays agresseur et un pays agressé et il n’y a pas d’ambiguïté», à la plus grande satisfaction du Premier ministre Volodymyr Groïsman. Ce dernier s'est pour sa part félicité du «soutien de la France à la souveraineté de l’Ukraine».


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