Bart de Wever, le bourgmestre d'Anvers et président du parti nationaliste et conservateur flamand Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA), s'est attiré les foudres d'une partie de la classe politique en Belgique. Il a en effet tenu des propos controversés sur les juifs (plus particulièrement les juifs orthodoxes) et les musulmans.
Je n'ai encore jamais vu de juif orthodoxe à un guichet. Ils évitent les conflits. C'est la différence. Les musulmans revendiquent une place dans l'espace public, dans l'enseignement, avec leurs signes de croyance extérieurs
Dans une interview publiée le 18 mars dans l'hebdomadaire De Zondag, il a livré une opinion toute personnelle sur ces deux communautés. «Les juifs orthodoxes attachent aussi beaucoup d'importance aux signes extérieurs de la foi. Mais ils en acceptent les conséquences. Je n'ai encore jamais vu de juif orthodoxe à un guichet. Ils évitent les conflits. C'est la différence. Les musulmans revendiquent une place dans l'espace public, dans l'enseignement, avec leurs signes de croyance extérieurs. C'est ce qui crée des tensions», a-t-il estimé.
De nombreux politiques belges se sont insurgés sur Twitter de cette comparaison. Telle Zakia Khattabi, co-présidente du parti Ecolo, qui dénonce «des propos outranciers».
L'ex vice-Premier ministre et députée à la Région de Bruxelles-Capitale (Centre démocrate humaniste), Joëlle Milquet, s'est elle aussi dit «sidérée par ces propos inacceptables».
Elio di Rupo, président du Parti socialiste belge et bourgmestre de Mons, a souhaité prendre le contre-pied du président du N-VA en citant l'ambition de son groupe politique – rassembler dans le cadre d'un Etat laïc.
Paul Magnette, bourgmestre socialiste de Charleroi, pour un débat organisé par Le Soir, s'est aussi montré très critique envers Bart de Wever : «Je trouve ça toujours hallucinant cette manière de faire des généralités. "Les Juifs sont comme ça", "Les Arabes sont comme ça"... C’est une forme de racisme un peu sophistiqué, un peu élaboré.» Et l'élu local d'ajouter : «La tactique de de Wever a toujours été de diviser, dresser les gens les uns contre les autres pour défendre le groupe social des Flamands les plus riches [...] et faire en sorte que les autres soient un peu stigmatisés».
Bart de Wever défendu par un ministre... et le président du consistoire israélite de Belgique
Peu de voix se sont fait entendre pour défendre Bart de Wever, mis à part celle de Jan Jambon, vice-Premier ministre, ministre de l'Intérieur et membre du même parti, qui volé à sa rescousse. Sur la RTBF, il a déclaré : «Personne dans notre parti n’est raciste, on travaille jour et nuit avec les différentes communautés dans notre pays pour mieux intégrer, pour mieux vivre ensemble.»
Un autre soutien inattendu s'est porté au secours du maire d'Anvers : Philippe Markiewicz, président du consistoire israélite de Belgique. Interrogé par la RTBF, celui-ci s'est voulu conciliant : «Il n’est pas du tout certain que Bart ait eu des intentions négatives. Il prône l'instauration en Belgique [...] d’un islam où la religion relève comme chez les juifs de la vie privée. Et dans la vie publique, les gens se comportent de manière neutre et laïque.»
Dans l'article de De Zondag, Bart de Wever avait aussi précisé ses positions sur l'immigration : «Analysez mon discours des trente dernières années. Vous y verrez une continuité. Mais à cause du faux humanisme de la gauche, tous les autres discours passent pour durs.» Dans les faits, le nationaliste flamand n'en est pas à sa première déclaration fracassante sur la thématique. En mars 2015, il avait déjà fait polémique pour des propos controversés tels que : «Je n'ai encore jamais rencontré un migrant asiatique qui se dise victime de racisme».
Début 2018, Bart de Wever a multiplié les déclarations clivantes sur le multiculturalisme, les migrations ou la sécurité sociale. Un positionnement que l'historien Marc Reynebeau attribue dans Le Soiràun«besoin de se positionner très clairement par rapport à la gauche sur sa vision de la multiculturalité et de l’immigration».
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