Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane est attendu le 7 mars dans la capitale britannique. Son accueil a été méticuleusement pensé par une agence de communication qui a lancé une campagne impressionnante à laquelle participe également un diplomate britannique. Résultat : les publicités à son effigie pullulent à Londres, que ce soit sur des panneaux publicitaires, des camionnettes, des taxis ou encore dans les pages des quotidiens anglais.
Dès son arrivée à l'aéroport de Londres, le futur dirigeant de la monarchie pétrolière pourra en effet admirer le long de l'autoroute M4 de grandes affiches qui expliquent qu'il «apporte le changement à l'Arabie Soudite».
Sur Twitter, où le hashtag #WelcomeSaudiCrownPrince [BienvenueAuPrinceHéritierSaoudien] a été promu par l'agence de communication responsable de la campagne, de nombreux internautes londoniens ont partagé des images témoignant de cet accueil exceptionnel réservé à celui que l'on désigne souvent par ses initiales MBS.
Sur ces différents supports publicitaires, on peut par exemple lire : «Il est en train de créer une Arabie Saoudite nouvelle et vibrante». Un des journalistes du Financial Times ironise : «La presse britannique vous est livrée aujourd'hui par le royaume d'Arabie Saoudite.»
Un diplomate britannique aurait piloté la campagne de communication
Une enquête du Bureau of Investigative Journalism (BIJ) a révélé qu'un diplomate britannique, Jolyon Welsh, avait été débauché par Consulum, l'agence qui pilote la campagne de communication sur ce déplacement princier.
Ancien chef adjoint du Foreign Office, les affaires étrangères britanniques, il a reçu un congé spécial sans solde en 2014 pour devenir un des principaux directeurs de l'agence. Ce conflit d'intérêt potentiel a suscité plusieurs réactions, dont celle du député Lloyd Russell-Moyle, membre du Comité des contrôles des exportations d'armement du Parlement britannique, qui a ainsi déclaré au BIJ : «C'est une chose pour le Foreign Office de couvrir politiquement l'agression des Saoudiens contre le Yémen, qui défie toute notion de proportionnalité et qui, je pense, dans certains cas constitue des crimes de guerre. C'en est une autre pour le Foreign Office d'avoir prêté son personnel à une entreprise travaillant pour l'opération de communication des Saoudiens.»
Alors que l'Arabie Saoudite est pointée du doigt pour son implication dans le conflit yéménite, des manifestations contre la visite du prince héritier étaient organisées outre-Manche le 7 mars.