International

Double attaque de Ouagadougou : des infiltrés au sein de l'armée auraient-ils aidé les djihadistes ?

Quelques heures après la double-attaque terroriste du 3 mars à Ouagadougou, un homme soupçonné d’avoir joué un rôle majeur dans celles-ci a été arrêté. Plusieurs sources gouvernementales n’ont pas écarté l’existence de complicités au sein de l’armée.

Alors que le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) lié à Al-Qaïda avait revendiqué, le 3 mars, la double attaque contre l'état-major et l'ambassade de France à Ouagadougou de la veille, où sept membres des forces de l'ordre burkinabè ont été tuées et plus de 80 personnes blessées, l’enquête progresse.

Selon une source gouvernementale citée par l’AFP, un djihadiste présumé dont la nationalité n’a pas été révélée, a été arrêté quelques heures après les attaques. Interrogé par la justice le 4 mars, ce dernier est soupçonné d’avoir participé à l’opération terroriste contre l’état-major général de l’armée et d'en avoir été le cerveau. Un autre homme a également été arrêté, mais les soupçons qui pèsent sur lui sont moins importants, selon cette même source.

Des complicités au sein de l’armée ?

Ils avaient une connaissance des habitudes et pratiques courantes au sein de l’état-major

Si l’enquête n’en est qu’à ses débuts, les autorités brukinabè, selon la source de l'AFP, ont de «très forts soupçons» que «des infiltrés dans l'armée» aient renseigné les djihadistes pour qu'ils attaquent l’état-major de l’armée. «Ils avaient une connaissance des habitudes et pratiques courantes au sein de l’état-major, ce qui explique la facilité avec laquelle ils ont accédé au sein de l’état-major par son accès de service, situé au dos de l’entrée principale», avait expliqué à l'AFP, le 3 mars, une autre source gouvernementale. 

Avant l’assaut des djihadistes, une voiture piégée avait explosé devant ce centre de commandement, détruisant une salle de réunion où devait initialement se tenir une réunion de l’état-major du G5 Sahel, avant d’être délocalisée vers une autre salle. «Si la réunion s’était tenue dans la salle initialement désignée, il y aurait eu une situation extrêmement grave et dramatique parce que beaucoup de nos officiers devaient se retrouver avec le chef de l’état-major pour cette réunion», a déclaré à l’AFP, quelques heures après l’attaque, le ministre burkinabè de la Sécurité, Clément Sawadogo.

Le Burkina Faso dans la ligne de mire des djihadistes

Ouagadougou avait déjà été secouée par plusieurs attaques djihadistes visant les sites fréquentés par les Occidentaux. Lors de la précédente attaque, en août dernier, deux assaillants avaient ouvert le feu sur un café-restaurant, situé sur la principale avenue de la capitale, faisant 19 morts et 21 blessés. Si l’attaque n’a pas été revendiquée, les autorités avaient alors évoqué son caractère «terroriste».

A l'instar des autres pays de la région, le «pays des hommes intègres» est dans le viseur des terroristes. En septembre dernier, le chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, avait appelé ses «combattants» à s’attaquer aux intérêts français en Afrique de l’Ouest. Il avait alors nommément cité le Burkina Faso.

Lire aussi : Attaque djihadiste à  Ouagadougou : «Au-delà de l'Afrique, la France et l'Occident étaient visés»