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La Russie, un «régime» ? L'ambassadeur des USA à l'ONU rappelé à l'ordre par son homologue russe

Lors d'une réunion du Conseil de Sécurité de l'ONU, sur fond de tensions entre la Russie et les Etats-Unis sur le dossier syrien, Nikki Haley a qualifié la Russie du terme péjoratif de «régime de Poutine». Un écart de langage peu diplomatique.

Le terme de «régime» fait partie de ces mots porteurs de jugement de valeur péjoratif, largement utilisés, en particulier, par les dirigeants et médias occidentaux : ces derniers parlant par exemple volontiers de «régime de Bachar el-Assad» plutôt que de «gouvernement syrien». Or, dans un contexte de tensions sur le dossier syrien entre la Russie d'une part, et les Etats-Unis et leurs alliés, d'autre part, la tentation paraît grande côté occidental de faire basculer la Russie dans le camp des méchants despotes...

C'est, semble-t-il, ce qu'a tenté de faire l'ambassadeur américain aux Nations unies le 21 février, en mettant dans le même sac la Russie, la Syrie, et la Corée du Nord, tous stigmatisés par le terme de «régime». «La souveraineté des nations est [une notion] fondamentale», a commencé Nikki Haley, quand bien même les Etats-Unis, à en croire les aveux de l'ancien directeur de la CIA lui-même, n'hésitent pas à s'ingérer dans des élections étrangères. «Mais quand nous ne nous y tenons pas en permettant aux régimes de Kim, Assad et Poutine d'agir en toute impunité, c'est le contraire qui se produit en réalité», a-t-elle déclaré, citée par l'agence TASS ce 22 février, lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies.

J'aimerais demander à la délégation américaine de se conformer à la courtoisie diplomatique élémentaire

L'ambassadeur russe auprès des Nations unies Vassily Nebenzia a dû rappeler à l'ordre son homologue américaine et lui demander de respecter les usages diplomatiques. «Je voudrais rappeler à l'ambassadeur Haley que la Russie n'est pas un "régime", mais dispose d'un président élu et d'un gouvernement», a-t-il observé. Et Vassily Nebenzia de poursuivre : «J'aimerais demander à la délégation américaine de se conformer à la courtoisie diplomatique élémentaire». «Par ailleurs, la Syrie est également dotée d'un gouvernement légitime, que certains le veuillent ou non», a-t-il encore souligné.

A.K.

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