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Emmanuel Macron à Tunis : «La France doit soutenir la jeune démocratie tunisienne»

Dans le cadre de sa tournée africaine, Emmanuel Macron s’est rendu le 31 janvier en Tunisie, qui souffre sur le plan économique. Le président français a tenu à rappeler le soutien de la France à cette «jeune démocratie».

«Nous sommes dans un moment important de la vie de la Tunisie», a souligné Emmanuel Macron devant la presse aux côtés de son homologue Béji Caïd Essebsi au premier jour de sa visite d'Etat en Tunisie qui a débuté le 31 janvier. «C'est une étape fondamentale qui se joue», a-t-il ajouté, deux semaines après une nouvelle poussée de fièvre marquée par des manifestations sociales, dont certaines ont dégénéré en émeutes nocturnes, dans plusieurs villes tunisiennes.

Exprimant le «soutien de la France» et saluant une «Constitution exemplaire et un vrai modèle de transition», il a estimé que Paris, déjà premier partenaire économique de la Tunisie, pouvait «faire davantage». Béji Caïd Essebsi, 91 ans, a pour sa part appelé à «une relance des relations» bilatérales.

«Nous souhaitons vous accompagner [...] Nous voulons permettre à la jeunesse tunisienne de réussir en Tunisie», a souligné le président français, en annonçant la création d'un fonds de 50 millions d'euros sur trois ans destiné aux jeunes entrepreneurs. Plus d'un tiers des jeunes diplômés tunisiens sont au chômage, ce qui en pousse certains à chercher à quitter le pays. Les deux chefs d'Etat ont également annoncé la création d'une Université franco-tunisienne pour l’Afrique et la Méditerranée (UFTAM), qui délivrera à Tunis des diplômes de niveau français d'ici deux ans.

Paris va en outre accorder un prêt souverain de 100 millions d'euros pour la réforme des entreprises publiques tunisiennes, et la conversion de 30 millions d'euros de dettes, en plus des 60 millions déjà convertis en janvier 2016. La dette publique tunisienne envers la France s'élève à environ un milliard d'euros, selon Paris.

Soutien français à la «jeune démocratie tunisienne»

«La France doit soutenir la jeune démocratie tunisienne», a réaffirmé le Premier ministre tunisien Youssef Chahed sur France 24. «Vous n'avez pas une démocratie qui naît à une heure de la France tous les ans. Nous sommes une démocratie véritable, avec une liberté de presse, une liberté de parole, et vous ne trouverez pas ça dans beaucoup de pays», a-t-il souligné. Mais l'ONG Human Rights Watch (HRW) a saisi l'opportunité de cette visite pour déplorer, dans un communiqué, des brutalités policières pendant les mobilisations déclenchées mi-janvier par la hausse du coût de la vie et la persistance d'un chômage élevé malgré une reprise de la croissance (2% l'an dernier).

Tant Emmanuel Macron que Béji Caïd Essebsi ont relativisé ces critiques. Le premier a appelé à ne pas «ravaler» les démocrates même imparfaits «au même rang que les despotes et les tyrans». «La Tunisie est un pays démocratique, il ne faut pas nous juger comme si nous [étions] une démocratie depuis des siècles», a réagi le président tunisien.

Pour cette visite d'Etat, qui fait suite à celles effectuées au Maroc en juin et en Algérie en décembre, le président français est accompagné de plusieurs ministres dont Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères), et d'hommes d'affaires comme Stéphane Richard (Orange) et Xavier Niel (Iliad). Son épouse Brigitte est aussi du voyage. Un accord a également été signé pour mieux collaborer dans la lutte antiterroriste, alors que l'état d'urgence reste en vigueur en Tunisie deux ans après avoir été instauré dans le sillage d'attentats djihadistes sanglants, dont celui du musée du Bardo, où se rendra le président français.

En signe de soutien au processus démocratique, le chef de l'Etat s'adressera le 1er février aux députés à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et rencontrera des responsables de la société civile.