La frontière que partage la Turquie avec la Syrie est longue de 900 km. Et elle est très poreuse. C'est en effet par ce pays que transitent, depuis des mois, les milliers d'occidentaux qui souhaitent rejoindre les rangs de Daesh en Syrie ou en Irak La tâche du gouvernement turc s'annonce donc particulièrement ardue.
«Les sections critiques [de la frontière] ont été identifiées. La priorité sera donnée à ces zones et des mesures seront prises avec toutes les capacités technologiques » a déclaré le vice-Premier ministre turc Bülent Arınç, mercredi dans la soirée lors d'une conférence de presse. Un mur -dont la structure serait démontable- s'élèvera donc sur près de 150 kilomètres ont annoncé les autorités turques, qui évoquent également des fossés, des éclairages ainsi que des drones et des avions reconnaissance pour scruter la frontière turco-syrienne.
Côté humain, la moitié des 40 000 militaires affectés à la surveillance des points de passage du pays avec ses différents voisins (Irak, Iran, Arménie, Géorgie, Grèce et Bulgarie) ont été immédiatement redéployés dans cette zone ultra-sensible. Mesurant le risque de contagion du conflit syrien sur son territoire, la Turquie avait déjà renforcé la surveillance de sa frontière ces dernières semaines et permis l'arrestation de nombreux combattants de Daesh qui traversaient son territoire. Le pays avait d'ailleurs évoqué en mai dernier son sonhait d'ériger un mur sur sa frontière notamment auprès de ses alliés de l'Otan.
Un mur qui devrait en outre compliquer les contacts entre les différents mouvements kurdes de Turquie, de Syrie et d'Irak. Ce qui n'est pas pour déplaire à Ankara qui lutte depuis près de 30 ans contre la création du Kurdistan à cheval sur ces trois pays. L'attentat de mardi a d'ailleurs réactivé les vieilles haines entre les deux camps. Les Kurdes, particulièrement touchés par cette attaque meurtrière, font porter la responsabilité des événements à Recep Tayyip Erdoğan qui aurait selon eux tacitement soutenu Daesh en Syrie afin d'affaiblir le PKK -parti politique kurde- en Turquie. Une «expédition punitive» a d'ailleurs été menée par la branche armée du PKK à Ceylanpinar, contre deux policiers turcs soupçonnés de coopérer avec Daesh.
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D'autres pays touchés par le terrorisme ont également fait le choix de bâtir des murs. C'est le cas d'Israël qui a érigé une enceinte le long de sa frontière avec la Cisjordanie. Ou de la Tunisie, qui après les attentats de Sousse a fait le choix d'emmurer sa frontière avec la Libye pour empêcher les combattants de Daesh d'atteindre son sol.
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