Jets de pierres d’un côté, gaz lacrymogènes de l’autre : les affrontements entre la police et les manifestants survenus le 14 janvier dans la cité d’Ettadhamen, dans le nord de Tunis, ne sont pas sans rappeler les révoltes populaires qui avaient provoqué il y a sept ans, le départ du président Zine el-Abidine Ben Ali. Rapportés par des médias locaux, les heurts ont débuté au cours de la soirée lorsque des jeunes ont brûlé des pneus pour bloquer une route.
Plus tôt dans la journée, entre 1 000 et 2 000 personnes s’étaient rassemblées sur l’avenue Bourguiba à Tunis pour célébrer le septième anniversaire de la révolution tunisienne dans un contexte marqué par une fronde sociale. Parmi elles, des travailleurs tunisiens ont crié des slogans contre le gouvernement devant le siège de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT).
La situation économique et sociale à l’origine du cycle de violence
Depuis le 8 janvier, le pays est secoué par une vague de contestation qui s’est emparée de plusieurs villes du pays, en raison de la hausse des prix de plusieurs produits de consommation et des taxes. Face aux multiples débordements qui ont touché la capitale et plusieurs autres villes du pays, le Premier ministre tunisien, Youssef Chahed, avait alors appelé au calme tout en dénonçant des «vandales qui ne servent pas la Tunisie».
Dans le but de contenir les troubles, le gouvernement tunisien avait promis le 13 janvier, 100 millions de dinars (33 millions d’euros) pour aider les familles les plus démunies. Il a également annoncé la gratuité des soins de santé pour les chômeurs. Malgré ces mesures, la situation demeure tendue. Selon l’organisation internationale du travail (OIT), le taux de chômage a atteint 15% en 2017, les jeunes sont particulièrement touchés, un tiers d'entre eux sont sans emplois. Si la croissance économique en 2018 devrait s'établir à 2,7% d'après la Banque Mondiale, son rythme demeure insuffisant pour résorber à court terme les difficultés du pays.