Malgré l’attitude «ouvertement hostile» du ministère français des Affaires étrangères, les députés européens sont arrivé jeudi à Moscou, pour se rendre ensuite en Crimée. Il s’agit du premier déplacement d’une délégation significative d’hommes politiques et de parlementaires européens sur la péninsule, qui a été rattachée à la Russie en 2014 suite à un référendum populaire, après l’introduction des sanctions contre la Russie.
Le Quai d’Orsay estime que ce territoire est «occupé», la raison pour laquelle le ministre Laurent Fabius a déconseillé aux parlementaires d’entreprendre ce voyage.
Le président de la délégation, député «Les Républicains» et coprésident de l’association du «Dialogue Franco-Russe», Thierry Mariani a raconté que le but de ce voyage en Crimée était de découvrir la situation réelle sur place. «Certains d’entre nous estiment que le retour de la Crimée [au sein de la Russie] est parfaitement logique, d’autres veulent se faire une idée de l’état d’esprit des habitants, parce que ne pas comprendre l’état réel de choses est le pire de ce qui peut arriver», a estimé Mariani.
Le député croit que la reprise du dialogue entre Moscou et Paris sera bénéfique pour les deux parties.
«Tout comme plusieurs autres députés, ceux qui se trouvent ici maintenant sont hostiles aux sanctions», a déclaré Thierry Mariani, en soulignant l’effet dévastateur de ces mesures sur l’agriculture en France. «Les producteurs agricoles français protestent, les éleveurs protestent aussi. Les sanctions touchent aux intérêts de la Russie, mais ils touchent aussi directement aux intérêts des agriculteurs français», a estimé Mariani. «Cela souligne la stupidité de la politique des sanctions provoquée par les Etats-Unis», a-t-il ajouté.
«Plusieurs sociétés françaises sont restées sur le marché russe même après l’introduction des sanctions. Je crois que les relations commerciales franco-russes sont très prometteuses», a estimé Mariani.
En parlant de l’imminente visite en Crimée, Nicolas Dhuicq, un autre membre de la délégation, a estimé que la péninsule fait «historiquement» partie de la Russie. «Nous pensons que le président de la Russie a fait ce qu’il devait faire – protéger le peuple de la guerre civile. Si la Crimée n’était pas revenue en Russie, aujourd’hui il y aurait la même guerre civile avec les extrémistes du gouvernement ukrainien», a dit le parlementaire, cité par l’agence Sputnik.
A Moscou, les parlementaires français ont été reçus par le président de la Douma d’Etat russe a Sergueï Narychkin, qui a hautement apprécié l’initiative des députés, en estimant que c’était «un pas résolu et même audacieux».
Le voyage de la délégation française peut notamment ouvrir la voie à une reconnaissance progressive de la réalité criméenne. La député au Parlement européen Nadine Morano a déjà annoncé qu’un premier groupe d’eurodéputés de différents pays pourraient se rendre prochainement en Russie afin d‘établir «un nouveau dialogue avec Moscou».
Kiev a pourtant déjà réagi, de façon prévisible, à la visite de la délégation française. Les parlementaires ont été accusés par la diplomatie ukrainienne d’«irrévérence envers les lois ukrainiennes, la politique de la France et de l’UE». Kiev a en outre menacé de les interdire d’accès au territoire ukrainien à l’avenir.