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Belgique : 6 000 manifestants pour la démission de Theo Francken, après l'expulsion de Soudanais

Ayant fait polémique en invitant les autorités soudanaises à venir identifier en Belgique les réfugiés voués à être expulsé, le secrétaire d'Etat belge à l'Asile et à la Migration a fait l'objet d'une manifestation à Bruxelles.

Des milliers de personnes sont descendues dans la rue, le 13 janvier à Bruxelles, pour réclamer la démission de Theo Francken, secrétaire d'Etat belge à l'Asile et à la Migration, au cœur d'une polémique liée à l'expulsion de Belgique de ressortissants soudanais.

Quelque 6 600 personnes, selon la police, 8 000 selon les organisateurs, ont voulu signifier à Theo Francken, issu du parti nationaliste flamand N-VA, l'«ordre de quitter le gouvernement», un slogan signifiant pour ce rassemblement, choisi en référence aux ordres de quitter le territoire adressés aux Soudanais non éligibles à l'asile.

Une vingtaine d'organisations ou partis politiques de gauche se sont joints à cet appel à manifester, lancé notamment par la «plate-forme citoyenne» qui vient en aide aux migrants errant dans Bruxelles. Parmi ceux-ci se trouvent de nombreux Soudanais, souvent en transit vers la Grande-Bretagne.

Theo Francken, critiqué à plusieurs reprises déjà pour ses déclarations polémiques, est dans la ligne de mire de l'opposition politique belge pour avoir invité en septembre, sur le territoire belge, trois hauts fonctionnaires du gouvernement soudanais pour identifier les ressortissants de ce pays africain qui allaient être expulsés parce que non éligibles à l'asile dans le pays.

Une dizaine d'expulsions ont été effectuées depuis la visite de cette «mission d'identification». Mais au Soudan, en décembre, une ONG libérale a recensé parmi les personnes expulsées plusieurs victimes de mauvais traitements, voire de torture, de la part des autorités soudanaises. Les renvois de migrants vers le Soudan ont rapidement été suspendus par le gouvernement belge, qui a ordonné une enquête.

Cette polémique a jeté dans la tourmente la coalition de droite au pouvoir depuis 2014. Plusieurs voix au sein de la majorité estimaient également fin décembre que Theo Francken ne pouvait pas rester au gouvernement.

Mais les quatre partis de la coalition ont toutefois décidé en début de semaine de faire bloc derrière Theo Francken. Le président de la N-VA, Bart De Wever, avait menacé de retirer son parti de la coalition, au risque de faire chuter le gouvernement si son bouillant secrétaire d'Etat était poussé à la démission.

«Notre responsabilité est de défendre nos frontières», a pour sa part argué le Premier ministre, le libéral francophone Charles Michel, le 13 janvier.

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