Ce 12 janvier, un mouvement de grève est organisé en Grèce contre une réforme de la loi encadrant... le droit de grève. Touchant principalement les services publics, ce mouvement social vise à dénoncer un texte de loi porté par le gouvernement d'Alexis Tsipras. Ce projet prévoit que les grèves, pour être dorénavant autorisées, devront être votées par 50% des membres enregistrés des syndicats (contre 20% actuellement).
La réforme, annoncée de longue date et décriée notamment pas les communistes, avait déjà fait descendre environ 20 000 personnes dans les rues d'Athènes au mois de décembre 2017. «Les travailleurs manifestent et sont en grève en réaction à la politique anti-travailliste du gouvernement», explique dans un communiqué la Confédération des salariés du privé. Des manifestations sont également annoncées ce jour.
En raison de ce mouvement social, les transports à Athènes sont fortement perturbés, les hôpitaux fonctionnent en service minimum et les bateaux dans les ports sont bloqués à quai, comme le rapporte l'AFP. La Grèce a connu pas moins d'une cinquantaine de grèves générales depuis le début de la crise économique en 2010.
Dérégulariser le marché du travail : une exigence de l'UE et du FMI
Si le gouvernement d'Alexis Tsipras, pourtant classé à gauche sur l'échiquier politique, tient à faire passer cette réforme, c'est avant tout pour satisfaire aux demandes des créanciers de la Grèce, l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI). Le pays espère en effet recevoir 4,5 milliards d'euros de l'actuel accord d'aide une fois qu'elle aura rempli les conditions posées. Or, l'accord expire en août prochain : Athènes entend donc agir vite afin d'être en mesure de se refinancer seule sur les marchés d'ici là.
Depuis 2010, la Grèce s'appuie sur des plans de subventions de l'UE et du FMI, qui exigent en contrepartie des efforts d'Athènes. En vertu du troisième prêt accordé au pays en juillet 2015, Alexis Tsipras s'est ainsi engagé à réaliser un train de réformes pour réduire les dépenses publiques et dé-régulariser le marché du travail en vue d’assainir les finances publiques.
«Nous laissons derrière nous une période dont personne ne veut se souvenir. Pour la première fois, nous sommes sûrs que c'est le dernier budget dans le cadre du plan d'austérité», s'était réjoui Alexis Tsipras en décembre dernier, après l'adoption par les parlementaires d'un budget 2018 dont il a promis qu'il serait le dernier à contenir des mesures d'austérité telles que le pays en connaît depuis huit ans.