«Toutes les paroles ne se valent pas» : c'est le postulat qu'Emmanuel Macron a posé ce 3 janvier 2018 lors de ses vœux à la presse. Face à une profession en crise, et alors que les médias classiques souffrent de l'émergence de canaux d'information alternatifs, le président de la République a, de nouveau, regretté cette concurrence faite à la presse historique. «C'est vous journalistes qui êtes les premiers menacés par cette propagande. Elle adopte votre ton [...] votre vocabulaire. Parfois même, elle recrute parmi vous», a-t-il déploré ajoutant qu'elle était «parfois même financée par certaines démocraties illibérales». Il a ensuite assuré les journalistes personnellement conviés à l'événement, auquel RT France n'était pas invité, qu'ils restaient des «tiers de confiance».
Evoquant la notion de «vérité», et de «liberté d'expression», le président de la République a annoncé la volonté de l'Etat d'intervenir et de contrôler la façon dont les informations sont produites, au nom selon lui de la «vitalité démocratique». «Entre complotisme et populisme, le combat est en effet commun», a-t-il jugé, avant de consacrer son propos aux «fake news». «En cas de propagation d'une fausse nouvelle, il sera possible de saisir le juge [afin] de supprimer le contenu mis en cause, de dé-référencer le site, de fermer le compte utilisateur concerné, voire de bloquer l'accès au site internet», a ainsi annoncé le chef de l'Etat, évoquant également la responsabilité des plateformes de diffusion.
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Les médias «étrangers» dans le viseur de l'Etat
Emmanuel Macron a également annoncé de nouvelles mesures visant les médias étrangers, affirmant : «Les pouvoirs du régulateur qui seront par ailleurs profondément repensés durant l'année 2018, seront accrus pour lutter contre toute tentative de déstabilisation par des services de télévision contrôlés ou influencés par des Etats étrangers.» Et d'ajouter : «Cela permettra au CSA [Conseil supérieur de l'audiovisuel] repensé, notamment de refuser de conclure des conventions avec de tels services.»
D'après l'annonce faite ce 3 janvier devant la profession, le CSA pourra suspendre ou annuler toute convention de diffusion, «en cas d'agissements de nature à affecter l'issue du scrutin que cela soit en période pré-électorale ou électorale», soit en clair, tout le temps. «Vous aurez de quoi exercer votre métier», a-t-il toutefois ajouté, promettant de consulter les journalistes lors de l'élaboration du dispositif, qui devrait être présenté dans quelques semaines.
Lors de ce discours, Emmanuel Macron a-t-il fait une «allusion voilée» aux médias «russes», selon les termes de l'AFP ? Lors de la visite de Vladimir Poutine à Versailles, le 29 mai 2017, Emmanuel Macron avait en tout cas accusé les médias russes RT et Sputnik de s'être «comportés comme des organes d'influence [...] et de propagande mensongère».
Alexandre Keller