International

Tsahal espionne les Israéliens sur les réseaux sociaux

Les conversations écrites des citoyens israéliens sont lus par l'armée. Depuis plusieurs années, Tsahal étudie ce qui se dit sur WhatsApp, Facebook et autres réseaux sociaux.

C'est la NSA, version israélienne. Il a été révélé que l'armée israélienne, à l'image de la National Security Agency (NSA - l'agence américaine de sécurité), espionnait les citoyens de son propre pays. Les services de renseignement se servent d'entreprises qui surveillent les publications internet des individus pour des raisons commerciales. Ces sociétés, dont l'activité est légale et répandue, tirent de leur surveillance des conclusions sur les usages et les appréciations des consommateurs. Leurs clients sont généralement des entreprises commerciales faisant des études de marché.

L'aspect commercial de cette pratique de surveillance a pris une nouvelle dimension lorsque l'armée israélienne s'en est mêlée. Via les algorithmes de plusieurs entreprises du secteur, Tsahal a mis en place un programme de surveillance des comportements suspects de ses propres citoyens. À l'aide de «mots gâchettes», des mots qui éveillent l'attention des logiciels de monitoring, les services de renseignement procèdent au fichage d'individus qu'ils estiment devoir observer. Dans le cadre de la surveillance commerciale, les «mots gâchettes» sont en général le nom du produit sur lequel porte l'étude de marché, ou le nom de la marque fabricante. Avec l'arrivée de la surveillance sécuritaire dans le domaine, les «mots gâchettes» sont plus fréquemment des mots comme «boycott» (en Hébreux), «Jérusalem» (en Arabe) ou encore «manifestation» (dans les deux langues). Écrire l'un de ses mots lors d'une conversation publique ou privée sur les réseaux sociaux attirera sur vous l'attention de l'armée israélienne qui pourra vous considérer comme suspect.

Avec des partenariats développés auprès de plusieurs entreprises de monitoring, Tsahal couvre à peu près l'ensemble des réseaux sociaux utilisés par le grand public. Facebook, WhatsApp, Twitter, ainsi que de très nombreux sites de chat, blogs, forums, etc. Grâce à cette couverture très étendue et une large palette de «mots gâchettes», les renseignements israéliens disposent d'un organe de surveillance fort de leur propre population, ainsi que de la population palestinienne vivant sur le territoire israélien.

Le dispositif de surveillance de l'armée israélienne va plus loin encore. Le système permet de créer des faux profils. Ceux-ci, en entrant en contact avec des individus spécifiques, que les services veulent surveiller, s'infiltrent dans la sphère privée du «suspect» et permettent au logiciel de monitoring d'espionner l'ensemble des conversations, même les plus privées, de la personne surveillée.

Ce mécanisme tentaculaire qui rappelle la NSA américaine, dont les actions ont été décriées de par le monde. Après ces révélations, l'exécutif israélien devra répondre de ses actes, notamment devant la Knesset, le parlement du pays. Une question parlementaire y a d'ores et déjà été déposée par la député d'opposition Michal rozin, demandant des clarifications, notamment sur la sélection renforcée des profils arabes dans le cadre de la surveillance des réseaux sociaux.