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21 morts en Iran : des troubles qui suscitent l'intérêt de l'étranger et divisent les Iraniens

Neuf personnes sont mortes après une nuit de violences en Iran, faisant passer le bilan total à 21 morts. Les Iraniens, en Iran ou à l'étranger, sont divisés entre soutien au gouvernement et appui aux revendications de la rue.

Neuf personnes ont été tuées en Iran dans la nuit du 1er au 2 janvier dans plusieurs villes de la province d'Ispahan (au centre du pays) lors de violences liés au mouvement de contestation qui secoue l'Iran depuis le 28 décembre. Six manifestants ont été tués dans des affrontements avec les forces de l'ordre alors qu'ils tentaient de prendre d'assaut un poste de police à Qahderijan.

Un enfant de 11 ans a été tué et son père blessé par des tirs effectués par des manifestants à Khomeinyshahr alors qu'ils passaient près d'un rassemblement. Enfin, un jeune membre des Gardiens de la révolution a été tué par des tirs de fusil de chasse à Kahriz Sang, et un autre de la même manière à Najafabad.

Une centaine de personnes ont par ailleurs été arrêtées dans la soirée du 1er janvier dans la province d'Ispahan, selon la télévision d'Etat.

Au total, 21 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations contre les difficultés économiques et le gouvernement iranien qui ont débuté le 28 décembre à Machhad, deuxième ville du pays (nord-est).

«Le monde vous regarde»

Cette semaine de violence en Iran a suscité beaucoup d'intérêt à l'étranger, notamment de la part de la diplomatie américaine et israélienne. Le président américain Donald Trump a réagi, paraphrasant son propre discours à l'Assemblée générale des Nations unies, dans un tweet daté du 30 décembre : «Les régimes oppresseurs ne peuvent perdurer à jamais et le jour viendra où le peuple iranien fera face à un choix. Le monde vous regarde !»

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De son côté, le gouvernement iranien s'inquiète d'une potentielle ingérence dans les affaires intérieures du pays. Habibollah Khojasteh-Poor, gouverneur adjoint de la province du Lorestan, où les manifestations ont parfois été meurtrières, a accusé le 31 décembre des «agents étrangers» de participer aux affrontements.

Le 1er janvier, Yisrael Katz, ministre israélien du Renseignement, a adressé ses encouragements aux manifestations antigouvernementales mais a démenti toute ingérence israélienne, assurant que ces allégations provenaient d'un «régime menteur et de propagande».

En Iran comme à l'étranger, les Iraniens divisés

En Iran, les événements récents divisent l'opinion. Alors que la contestation dans la rue semble prendre de l'ampleur, des manifestations de soutien au gouvernement ont eu lieu à Téhéran, principalement dues aux étudiants. Comme l'explique la journaliste et militante des droits de l'homme Gissou Nia, dans un pays affaibli économiquement, notamment par les sanctions imposées par les Etats-Unis, les classes moyennes supérieures et plus instruites que le reste du pays, principalement concentrées dans les grandes villes, demeurent peu perméables aux revendications de la rue. Elle établit en outre une analogie entre l'Amérique des grandes métropoles qui n'avait pas vu venir la victoire électorale de Donald Trump en 2016 et les habitants de Téhéran.

Les divisions qui traversent la société iranienne sont complexes et ne recoupent pas le clivage simpliste entre manifestants pro-gouvernement et partisans d'un assouplissement du régime. C'est à Machhad, deuxième ville du pays, que les troubles ont commencé le 28 décembre dernier. La ville se trouve également être depuis plusieurs années le bastion des opposants à Rohani, qui lui reprochent sa politique d'ouverture aux autres pays et redoutent de voir leurs avantages économiques s'éroder.

A l'étranger, c'est une autre élite qui tente de se faire entendre. Dans les villes européennes où la diaspora iranienne est fortement présente, des rassemblements de soutien aux manifestants ont été organisés. Sans grand succès, comme on peut le voir sur plusieurs images relayées sur les réseaux sociaux, comme ici à Paris.

A Londres, les manifestants se sont regroupés devant «l'ambassade des mollahs».

Même scénario coordonné à Berlin où «une centaine» de manifestants se sont massés devant l'ambassade iranienne le 1er janvier.

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