Les accusations du président syrien Bachar el-Assad contre la France, qui a estimé le 18 décembre que Paris avait été «le porte-étendard du soutien au terrorisme en Syrie dès les premiers jours [du conflit]», n'ont pas vraiment été du goût du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian.
A tel point que celui-ci a sorti l'artillerie lourde contre le président syrien. «Quand on a passé son temps à massacrer son peuple, on a généralement un peu plus de discrétion», a-t-il lancé à l'endroit du chef d'Etat. Le chef de la diplomatie française est même allé jusqu'à laisser entendre que la transition politique dans le pays, récemment libéré des terroristes de Daesh, devrait se faire sans le dirigeant syrien : «Bachar el-Assad ne semble pas vraiment en situation de pouvoir affirmer une prise de position politique tant qu'il est dépendant de la Russie et de l'Iran.»
Revirement ?
Un changement de point de vue total par rapport au 8 septembre dernier, où, à l'occasion d'une visite à Moscou, Jean-Yves le Drian avait jugé possible de pouvoir commencer «la mise en œuvre du processus politique sans préalable». Ou pour être plus clair : «C'est à dire sans le préalable du départ de Bachar el-Assad.»
Mais ce revirement, aussi abrupt soit-il, n'est pas une attitude étrangère au ministre, qui a une certaine expérience en la matière. Une semaine avant sa visite à Moscou, il affirmait en effet avec force sur les ondes de RTL que la transition politique en Syrie ne pouvait se faire avec Bachar el-Assad : «Il ne peut pas être la solution. La solution, c'est de trouver avec l'ensemble des acteurs un calendrier de transition politique qui permettra d'aboutir à une nouvelle Constitution et des élections. Et cette transition ne peut pas se faire avec Bachar el-Assad qui a assassiné une partie de son peuple.»
Alors quelle sera la position du ministre des Affaires étrangères dans les mois à venir ? Les paris sont ouverts.
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