Une résolution condamnant la reconnaissance de Jérusalem par Washington comme capitale d'Israël a reçu le vote unanime de 14 des 15 membres du Conseil de sécurité, dont la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni, pourtant les deux plus proches alliés européens des Etats-Unis. Nikki Haley, représentante des Etats-Unis à l'ONU, a donc été forcée d'opposer le veto des Etats-Unis à cette initiative, qu'elle a par ailleurs vivement dénoncée. «C'est une insulte et un camouflet que nous n'oublierons pas», a-t-elle lancé, le regard noir. Nikki Haley n'a toutefois pas précisé si les Etats-Unis pourraient prendre des mesures de rétorsion contre les pays ayant voté le texte ou accentuer leur volonté de moins participer au financement de l'ONU, dont ils sont les premiers contributeurs.
Avant le vote, Nikki Haley avait déjà accusé les Nations unies d'avoir fait «obstacle» à la recherche d'un accord de paix. «L'ONU s'est placée entre les deux parties [et] a rejeté la faute sur les Israéliens [...] Israël a fait l'objet d'un parti pris aux Nations unies», a insisté la diplomate américaine.
Présenté par l'Egypte, qui a dénoncé les «graves répercussions» de la décision américaine, le texte réclamait que les propos clamés le 6 décembre dernier par le président républicain Donald Trump soit révoqués. La résolution soulignait en outre que le statut de Jérusalem devait être résolu «par la négociation», et évoquait de «profonds regrets» concernant les récentes décisions sur Jérusalem, sans toutefois mentionner nommément les Etats-Unis. «Toute décision ou action visant à altérer le caractère, le statut ou la composition démographique [de Jérusalem] n'a pas de force légale, est nulle et non avenue et doit être révoquée», affirmait encore le texte présenté au vote.
Le véto américain salué par Israël
Le Premier ministre a chaleureusement salué le vote des Etats-Unis seuls contre tous. «Merci ambassadeur Haley, pour [la fête juive] d'Hanoucca, vous avez parlé comme un Maccabée», a-t-il déclaré dans un message sur Twitter rempli de références religieuses, dans une allusion à une figure juive de l'Ancien testament. «Vous avez allumé une bougie de vérité. Vous avez dispersé les ténèbres», a-t-il ajouté, concluant : «Merci président Trump. Merci Nikki Haley.»
Pendant une semaine, la rédaction de la résolution a donné lieu à d'intenses négociations, parfois lors de réceptions ou au bar de l'ONU, entre la représentation diplomatique palestinienne, ayant rang d'observateur, et plusieurs pays arabes ou européens.
Des diplomates ont expliqué à l'AFP que l'objectif était vraiment d'avoir 14 votes pour faire face aux Etats-Unis. Pour cela, certaines ardeurs des Palestiniens à un premier texte plus fort et datant du 11 décembre, qui citait nommément les Etats-Unis, avaient dû être réfrénées.
Avec ce processus, même sanctionné au final par un veto, il s'agissait aussi de faire pression sur l'administration américaine et ses futures discussions avec les deux parties, afin que les droits des Palestiniens soient davantage pris en compte, selon les mêmes sources. Il fallait enfin souligner que les Etats-Unis bafouaient une série de résolutions sur le conflit au Proche-Orient.
Le 8 décembre, deux jours après l'annonce américaine sur Jérusalem, le Conseil de sécurité avait déjà montré l'isolement des Etats-Unis lors d'une réunion convoquée en urgence. Tous leurs partenaires avaient critiqué la reconnaissance américaine avec plus ou moins de vigueur. Après le vote de ce 18 décembre, les Palestiniens ont annoncé leur volonté de demander un autre scrutin à l'Assemblée générale de l'ONU (193 pays). Mais, à la différence du Conseil de sécurité, il n'y a pas dans cette enceinte de droit de veto et ses textes sont sans valeur contraignante.