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Malgré des ministères pour les populistes, le nouveau gouvernement autrichien ne sortira pas de l'UE

La nouvelle majorité autrichienne, dirigée par les conservateurs du OVP, a tenu à rassurer Bruxelles malgré l'euroscepticisme de son allié populiste, le FPO. La priorité de Vienne sera la sécurité et la lutte contre l'immigration illégale.

Dans le cadre d'une alliance de gouvernement avec le parti conservateur OVP (Parti populaire autrichien), le parti populiste anti-immigration FPO (Parti de la liberté d'Autriche) a décroché les ministères régaliens de la Défense, des Affaires étrangères et de l'Intérieur d'Autriche.

Le 16 décembre, lors de la présentation à Vienne du pacte de gouvernement scellé la veille, le futur chancelier Sebastian Kurz (OVP) et son vice-chancelier Heinz-Christian Strache (FPO) ont précisé la ligne directrice qui allait caractériser leur mandat.

«Un engagement européen clair»

Heinz-Christian Strache, qui souhaitait mettre en place des consultations populaires, a fait savoir le 16 décembre que «la question d'une sortie de l'UE» ne pourrait faire l'objet d'un référendum, sur demande du futur chancelier. «Nous aurions souhaité un champ plus large», a reconnu le leader de la formation eurosceptique et anti-immigration.

«[La nouvelle majorité autrichienne] a un engagement européen clair, avec l'objectif de renforcer la subsidiarité [au sein de l'UE]», a renchéri le futur chancelier, qui prendra ses fonctions le 18 décembre. Sebastian Kurz a poursuivi : «Nous souhaitons une coopération européenne plus poussée dans les domaines où cela se justifie, comme la défense des frontières, mais davantage de compétences laissées aux Etats à chaque fois que c'est possible.»

Allègements fiscaux et lutte contre l'immigration illégale

Au niveau économique, le programme de gouvernement comporte une série d’allègements fiscaux. «Nous voulons alléger la pression fiscale, nous voulons renforcer notre économie, ce qui améliorera notre système social», a ainsi annoncé Sebastian Kurz.

Annonçant un ensemble de mesures visant à lutter contre l'immigration illégale et à restreindre le bénéfice des aides sociales autrichiennes pour les étrangers, il a par ailleurs affiché la priorité gouvernementale : «En premier lieu, nous voulons améliorer la sécurité dans notre pays, y compris en combattant l'immigration illégale.»

La vague de migrants ayant rejoint le continent européen depuis 2015 et le thème de l'islam avaient en effet dominé la campagne, Sebastian Kurz s'étant fortement rapproché des positions plus radicales du FPO sur le dossier, ouvrant la voie à la nouvelle coalition.

Le jeune leader conservateur de 31 ans, alors ministre des Affaires étrangères, s'était notamment félicité d'avoir fait fermer aux migrants la route des Balkans en 2016.

De son côté, Heinz-Christian Strache avait durant sa campagne multiplié les allusions au risque d'«invasion de masse» et de «guerre civile» qui pesait selon lui sur l'Autriche si l'immigration suivait son rythme. Il avait également estimé que l'islam n'avait «pas sa place» dans le pays.

Une semi-victoire pour les eurosceptiques ?

Alors que l'Autriche présidera l'Union européenne au second semestre 2018, il semble que Sebastian Kurz, plus consensuel envers Bruxelles, garde pour l'instant la main sur ce dossier, freinant les ardeurs plus eurosceptiques de son allié.

Futur vice-chancelier, Heinz-Christian Strache reste néanmoins favorable à un rapprochement de son pays avec le groupe de Visegrad, qui comprend des pays tels que la Pologne et la Hongrie, connus pour leur opposition à des politiques européennes comme celle de la répartition de quotas de migrants.

L'entrée au gouvernement du FPO vient couronner une année faste pour les mouvements populistes, eurosceptiques et anti-immigration en Europe, qui sont en forte progression aux Pays-Bas, en France et en Allemagne, sans toutefois parvenir à s'y hisser au pouvoir.

Saluant un «événement véritablement historique», Marine Le Pen, qui se trouvait à Prague pour y rencontrer des figures de cette mouvance, ne s'y est pas trompée. Egalement présent en République tchèque, Geert Wilders, dirigeant du Parti néerlandais pour la liberté a pour sa part lancé, au sujet de Heinz-Christian Strache : «J'applaudis notre ami.»

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