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Moscou : «Si les USA cherchent un prétexte pour détruire Pyongyang, qu’ils le disent ouvertement»

Les Etats-Unis auraient délibérément agi pour provoquer une réponse de la part de la Corée du Nord, d’après le ministre russe des Affaires étrangères, appelant Washington à expliquer ses intentions vis-à-vis de la péninsule.

«Les dernières actions des Etats-Unis ont l’air de chercher sciemment à provoquer de nouvelles mesures décisives de la part de Pyongyang», a déclaré Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe le 30 novembre à Minsk. «Il semble que tout est fait pour que Kim Jong-un craque et se lance dans une nouvelle aventure», a ajouté le ministre devant les journalistes.

La Corée du Nord a affirmé le 28 novembre avoir réalisé son objectif de devenir un Etat nucléaire, après avoir testé avec succès un nouveau missile intercontinental qui mettrait selon elle «la totalité du continent américain» à sa portée. Ce tir intervient toutefois après plus de deux mois de silence de Pyongyang, qui avait auparavant haussé le ton en réponse aux déclarations belliqueuses de Donald Trump. De leur côté, en octobre et en novembre, les Etats-Unis ont organisé des exercices navals surprises avec la marine sud-coréenne près de la péninsule.

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Le ministre russe a critiqué l’attitude américaine qu'il a jugée menaçante. Mais il a surtout critiqué la multiplication des sanctions en vue de forcer la Corée du Nord à renoncer à ses programmes nucléaire et balistique. Les sanctions comme instrument de pression «ne sont plus efficaces», d’après Sergueï Lavrov. Ce dernier n'envisage pas d'issue à la crise sans «restauration du processus politique et [sans] reprise des négociations». Or, selon lui, cette exigence serait «totalement ignorée par le côté américain». «Je crois que c’est une très grande erreur», a-t-il ajouté.

Après le dernier test nord-coréen, Donald Trump a annoncé que son gouvernement préparait de nouvelles sanctions contre Pyongyang. La représentante de Washington à l’ONU, Nikki Haley, a appelé tous les pays du monde à couper leurs relations diplomatiques et commerciales avec la Corée du Nord, tout en menaçant de «détruire complètement» Pyongyang «en cas de guerre». Un appel  perçu «de manière négative» par Moscou, d’après Sergueï Lavrov.

«Les américains doivent tout d’abord expliquer ce qu’ils veulent accomplir. S’ils veulent trouver un prétexte pour "détruire" la Corée du Nord, comme l’a dit la représentante américaine au Conseil de Sécurité de l’ONU, qu’ils le disent ouvertement. […] Ensuite, nous prendrons nos décisions quant à la réaction qui s’impose», a conclu le ministre russe.

Macron appelle la Russie et la Chine à sanctionner la Corée du Nord

En marge de son déplacement en Côte d'Ivoire le 29 novembre, le président français Emmanuel Macron a donné son point de vue sur la crise nord-coréenne. «Il n'y a pas aujourd'hui, hors du cadre des sanctions et d'un rapport de force croissant, de discussion qui se soit établie [entre Pyongyang et Washington]», a noté le chef d'Etat, précisant qu'il ne s'agissait pas de «la volonté de la Corée du Nord».

«Il est donc indispensable, si nous voulons des résultats, de pouvoir accroître le niveau de sanctions», a-t-il en outre fait valoir, s'alignant ainsi sur la position de Washington. Emmanuel Macron a d'ailleurs appelé Moscou et Pékin à œuvrer en ce sens : «Je compte beaucoup sur la Chine et la Russie, qui sont les deux puissances internationales qui aujourd'hui peuvent prendre des décisions fortes en matière de sanctions ayant un impact, un effet réel sur la Corée du Nord et pouvant conduire celle-ci à revenir à la table des négociations.»