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Des «Guantanamo» flottants aussi pour les narcotrafiquants : le droit international selon les USA

S'affranchissant des règles maritimes internationales, les garde-côtes américains interviennent au-delà des eaux territoriales américaines pour arrêter les passeurs de drogue. Et négligent aussi le droit en matière de détention.

On connaissait depuis la fin des années 2000 l'existence de «Guantanamo» flottants, un secret de polichinelle, dans le cadre de la War on Terror («La guerre contre la terreur») décrétée par George W. Bush en 2001. Il apparaît aujourd'hui qu'un dispositif analogue existe également dans le cadre de la War on Drugs («La guerre contre la terreur»). D'après le New York Times et la Public Radio International (PRI), une des radios publiques américaines, plusieurs navires sillonnent le Pacifique, en dehors des eaux territoriales des Etats-Unis et servent de prisons flottantes.

A l'instar des prisons américaines longtemps secrètes destinées aux terroristes présumés, ces navires permettent de garder aux arrêts passeurs de drogue présumés et autres trafiquants, en dehors de toute légalité. D'après le New York Times, les suspects capturés en eaux internationales y sont emprisonnés dans des conditions inhumaines, pour des semaines ou parfois des mois.

Le New York Times rapporte ainsi l'histoire d'un certain Arcentales, un pêcheur originaire de l'Equateur, pris en 2014 dans la nasse des fameux gardes-côtes américains, qui comme leur nom ne l'indiquent pas, ou plus, ont étendu leur juridiction de facto et en contravention avec le droit international, au Pacifique tout entier. Avec ses compagnons d'infortune – non pas des barons de la drogue mais plutôt des petites mains – Arceles a passé des mois sur l'un des navires faisant office de geôles, sans jugement ou quelque procédure judiciaire que ce soit, dans l'attente de son transfert – illégal – vers le territoire états-unien.

Droits de l'homme à géométrie variable

Menotté et enchaîné, parfois sur le pont même du bâtiment, exposé à la pluie, l'homme de 40 ans témoigne avoir été contraint de déféquer dans un seau sous la surveillance de ses gardiens. Tandis qu'il croupissait, avec des entraves ne lui permettant même pas d'étendre le bras, sa famille en Equateur n'avait pas été informée de son sort et se résignait à le croire perdu en mer.

S'affranchissant du droit international, Washington a adopté une série de lois dès 1986, définissant le trafic de drogue en eaux internationales comme un crime contre les Etats-Unis.

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