Un article du journal britannique The Sun daté du 26 novembre, affirme qu'une véritable «armée de femmes russes nazies», selon les termes employés par le tabloïd de Rupert Murdoch, s'entraînerait activement pour le combat au corps à corps en prévision de la Coupe du monde football qui se tiendra en Russie en 2018.
Mais à y regarder de plus près, il semblerait que l'«information», versant légèrement dans le sensationnalisme, soit quelque peu poussive, pour dire le moins, et qu'elle véhicule surtout une certaine idée du monde russe.
Hordes de «nazies» ?
A lui seul, le titre de l'article vaut le détour : «Une armée de femmes russes nazies attendent de pied ferme les fans de foot britanniques». Bien malin qui pourra résister à l'envie de cliquer.
Puis, après quelques paragraphes, cette pièce de journalisme rappelant à s'y méprendre les plus grandes enquêtes, livre sa preuve irréfutable. Sans plus d'explications, le journal présente une vidéo, certes choquante, semblant montrer des supportrices des équipes russes du Spartak et du Dynamo de Moscou en train de se battre dans la neige...
Mais quid de ces hordes de «nazies» évoquées dans le titre ? La patience de l'observateur consciencieux est bientôt récompensée.
Le Sun en nomme une : Diana Ivanova, 19 ans. Cette dernière se dirait elle-même nazie et aurait causé du grabuge à «une rencontre sportive le mois dernier». L'étau se resserre...
Une photo affichée plus bas est sans appel : gros plan sur un tatouage proclamant «fight or die» («bats-toi ou meurs»). L'inscription sur son biceps étant rédigée dans la langue de Shaekespeare, on le voit bien, l'avertissement est lancé aux fans de football du Royaume-Uni.
«Armée» russe ?
Mais ce n'est pas tout. Deux autres «Russes» sont nommées : une certaine Olga Borisova, d'Ouzbékistan, et Elena Maleyeva, d'Ukraine. En guise d'«armée de nazies russes», on se retrouve donc avec... une Ouzbèke, une Ukrainienne et une Russe. Pas réellement des Russes au sens strict, donc, qu'importe : des femmes au nom suffisamment exotique pour que le tabloïd britannique puisse tirer ses conclusions.
Puis les photos s'enchaînent : deux jeunes femmes font mine de s'affronter sur un ring en arborant des écharpes de soutien à leurs clubs favoris, d'énormes gants rose bonbon recouvrant leurs petits poings.
Sources implacables ?
Puis le Sun enfonce le clou et délivre l'uppercut : une «source de la sécurité russe» (ou peut-être ukrainienne ou ouzbèke ?) aurait confié aux enquêteurs du journal : «Récemment, les autorités ont resserré la vis autour des hooligans, dont les femmes. Pour l'instant, cela se passe plutôt bien.»
Intimidant : la police est forcée de reconnaître que la situation est sous contrôle.
Mais la dernière phrase de l'article suffit à induire la peur dans le cœur du fan de football le plus hardi, qui voudrait risquer sa vie en se rendant en Russie pour assister à la Coupe du monde : «Le Spartak de Moscou et le Dynamo de Moscou organisent des combats de boxe pour les femmes hooligans afin de canaliser leur agressivité.»
Après la lecture de ce grand moment d'enquête, nul doute que les fans de football doivent se préparer au pire (journalistiquement parlant) pour la prochaine Coupe du monde.
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