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Liban : enlèvement de cinq Tchèques sur fond de complot contre les USA

Cinq citoyens Tchèques ont disparu au Liban, dans ce qui semble être un kidnapping lié à la détention, à Prague, d'un Libano-Ukrainien pour «complot» contre les États-Unis.

C'est une histoire digne des romans d'espionnage. Les autorités libanaises et tchèques cherchent activement, lundi 20 juillet, cinq Tchèques et leur chauffeur libanais qui ont disparu, vendredi 17 juillet. Leur voiture avait été retrouvée à Kefraya, dans la vallée de Békaa, dans l'Est du Liban. La thèse de l'enlèvement a été confirmée par les autorités du pays, alors qu'une cellule de crise a été mise en place à Prague. «Des recherches sont en cours au Liban», explique la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Michaela Lagronova.

Les rapts sont pourtant rares au Liban, et une théorie sur le ciblage des personnes disparues émerge. Il pourrait y avoir un lien avec l'affaire Ali Taan Fayyad, un libanais placé en détention provisoire en République Tchèque depuis 2014 à la demande des États-Unis, qui soupçonne l'homme de complot envers Washington.

«Nous connaissons très bien l'équipe tchèque portée disparue», affirme Kamal Moshen al-Haf, l'avocat libanais de la famille Fayyad. «Elle comprend l'avocat d'Ali qui est déjà venu au Liban quatre ou cinq fois […] deux journalistes tchèques, un traducteur et le frère d'Ali, Saëb Taan Fayyad, qui les conduisait dans sa voiture personnelle», a-t-il ajouté. Il a néanmoins affirmé ne pas connaître l'identité de la sixième personne. «Nous avons l'habitude de les accompagner quand ils viennent au Liban», ajoute-t-il. Du matériel vidéo et des équipements de photographie professionnels ont été retrouvé dans la voiture, d'après les services de sécurité.

Ali Taan Fayyad, qui possède les nationalités libanaises et ukrainiennes, a été conseillé du ministre de la Défense ukrainienne pour les affaires du Proche-Orient, du temps de l'ancien président Viktor Ianoukovitch, depuis chassé par la révolution de Maïdan. Il a été arrêté, ainsi que deux ressortissants de la Côte d'Ivoire, alors qu'il séjournait à l'Hôtel Sheraton de Prague. Un commando de la police tchèque était intervenu, à la demande des États-Unis, qui soupçonnaient l'homme de s'entretenir avec des membres de la guérilla colombienne FARC. Une information contredite par le journal tchèque Dnes, qui affirme qu'il s'agissait d'agents de la police anti-drogue américaines, la DEA.

Accusés d'avoir voulu fournir aux FARC des armes en provenance d'Ukraine, les trois hommes sont aujourd'hui détenus par les autorités tchèques, la Cour suprême américaine ayant refusé leur extradition vers les États-Unis. Avec l'enlèvement des cinq tchèques au Liban, vendredi 17 juillet, l'affaire va peut-être rebondir dans une nouvelle direction.