Faute de place suffisante dans les centres de rétention, le gouvernement espagnol a décidé d'héberger près de 500 migrants dans le centre pénitentiaire d'Archidona, près de Malaga. Construit récemment, celui-ci devait commencer à accueillir des détenus en 2018.
Une décision très critiquée par les ONG, mais que Madrid a justifié par le nombre important d'arrivées par la mer depuis le 16 novembre. Depuis cette date, les autorités affirment avoir intercepté près des cotes de Murcie 962 migrants qu'elles peinent à loger et se refusent à laisser dans la nature le temps de traiter leur dossier.
«Nous considérons qu'il est bien mieux que les immigrés soient dans un centre [....] avec des moyens sanitaires, des douches, du chauffage, des lits, des salles de sport, que de les mettre dans des campements comme nous en avons vu dans d'autres pays», a confié le ministre de l'Intérieur Juan Ignacio Zoido à la radio Onda Cero, le 21 novembre.
«Nous ne pouvons pas accepter que, sous prétexte qu'arrivent autant de bateaux et que nous puissions les sauver, que ces personnes restent en liberté», a poursuivi Juan Ignacio Zoido, affirmant craindre un «appel d'air», pour les mafias qui acheminent ces migrants.
Les ONG appellent le gouvernement à «rectifier immédiatement» la situation
Des arguments qui sont loin d'avoir convaincus les associations d'aide au migrants, les groupes de défenses des droits de l'homme et de nombreuses ONG. Dans une déclaration commune, 22 organisations, dont Médecins du monde ou encore l'Association pour les droits de l'homme en Andalousie, ont condamné la décision du gouvernement, estimant qu'elle était illégale et criminalisait les migrants.
Leur communiqué note en outre que selon la loi espagnole les centre de rétention ne peuvent pas être des prisons, et a appelé en conséquences le ministère de l'Intérieur à «rectifier immédiatement» la situation.
«Nous sommes radicalement contre», a martelé le directeur de l'ONG Malaga Acoge à l'AFP, ajoutant qu'il se demandait si du personnel habilité pour détecter la traite d'êtres humains serait présent, et si un juge superviserait cette installation.
Le Service jésuite aux migrants, qui les assiste dans les centres de rétention, a aussi estimé que la décision violait «des droits et garanties constitutionnels», et regretté que la détention «criminalise injustement des personnes qui n'ont commis qu'une infraction administrative».
Selon l'Organisation internationale pour les migrations, 17 687 migrants ont atteint l'Espagne par la mer du 1er janvier jusqu'au 15 novembre contre 5 445 sur la même période de 2016. Si elle reste loin derrière l'Italie (114 000) ou la Grèce (25 000), l'Espagne redevient une destination de choix pour les trafiquants qui cherchent à éviter d'autres routes, passant notamment par la Libye.