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«C'est pas une cour de l'OTAN !» : condamné à perpétuité, Ratko Mladic dénonce le verdict du TPIY

Ratko Mladic a été condamné à la perpétuité pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Il était le dernier grand accusé du tribunal créé en 1993 pour juger les responsables présumés de crimes lors du conflit yougoslave.

Ce 22 novembre 2017, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a condamné l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic à la perpétuité pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité durant la guerre de Bosnie-Herzégovine. Peu avant le verdict, le prévenu a été évacué de la salle d'audience du tribunal pénal international de La Haye, après s'être levé et avoir crié énervé aux juges qu'ils mentaient.

Ce n'est pas une cour de justice de l'OTAN !

Le juge du TPIY, Alphons Orie, a ordonné que Ratko Mladic soit évacué après avoir refusé d'accéder à la demande de la défense d'interrompre l'audience à cause de la tension artérielle élevée de l'accusé. «Ils mentent, vous mentez. Je ne me sens pas bien», a-t-il crié. «Ce sont des mensonges ! Ce n'est pas une cour de justice de l'OTAN, ici !», s'est-il encore insurgé, d'après son fils, Darko Mladic cité par l'agence TASS. 

En dépit de ses protestations, l'accusé a ensuite été installé dans une pièce adjacente pour écouter la suite du jugement alors que la défense demandait que sa tension artérielle soit à nouveau mesurée.

Ratko Mladic fait appel du jugement

Darko Mladic a annoncé qu'il serait fait appel du jugement du TPIY qu'il a qualifié de «propagande de guerre». «Cette peine est injuste et contraire aux faits, et nous la combattrons en appel pour prouver que ce jugement est faux», a-til déclaré Darko Mladic lors d'une conférence de presse, peu de temps après la prononciation du verdict.

En sa qualité de commandant en chef de l'armée de la République serbe de Bosnie, Ratko Mladic était poursuivi par le TPIY comme responsable du siège de Sarajevo, ex-capitale de la Yougoslavie entre 1992 et 1995. Il a également été jugé coupable du massacre de Srebrenica en juillet 1995. Son procès aura duré cinq ans.

Le président serbe Aleksandar Vucic a pour sa part réagi au jugement en appelant ses compatriotes à tourner la page. «Commençons à regarder vers l'avenir, à penser à nos enfants, à la paix, à la stabilité dans la région», a-t-il plaidé. Et le chef d'Etat d'ajouter : «[Il faut] revitaliser les usines, inaugurer des bâtiments au lieu de nous étouffer dans les larmes du passé.»

Le verdict risque en effet de réveiller les tensions ethniques dans les Balkans. Parmi les 161 individus poursuivis par le TPIY, 94 sont serbes, tandis que 29 sont croates. Le tribunal se défend toutefois de tout déséquilibre et soutient que les inculpations reflètent la réalité du conflit dans lequel l'OTAN est intervenue.

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