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L'ancien Premier ministre Saad Hariri de retour au Liban après sa démission surprise depuis Riyad

Trois semaines après avoir pris de court le Liban en démissionnant depuis Riyad, Saad Hariri est rentré à Beyrouth pour participer à la fête de l'indépendance. Son départ, inattendu, a mis en exergue les tensions croissantes dans la région.

L'ancien Premier ministre libanais Saad Hariri est rentré le 21 novembre à Beyrouth trois semaines après sa démission choc, annoncée depuis l'Arabie saoudite qui a été accusée de l'avoir retenu en «otage». Sitôt arrivé, tard le soir à l'aéroport international de Beyrouth, il est monté dans un convoi sans s'adresser à la foule de journalistes libanais et étrangers qui l'attendaient.

Plus tôt dans la journée, il a quitté Paris où il se trouvait pour quelques jours à l'invitation du président français Emmanuel Macron, et s'est envolé pour Le Caire, où il s'est entretenu avec le président Abdel Fattah al-Sissi, avant de faire une brève escale à Chypre. Son arrivée dans la capitale libanaise a été célébrée par des petits groupes de ses partisans, qui sont descendus dans la rue en klaxonnant, en lançant des acclamations et en arborant des drapeaux aux couleurs de son mouvement.

Le 22 novembre, il devrait participer à la fête de l'indépendance, alors que beaucoup dans le pays doutaient de son retour après sa démission, le 4 novembre, dans des circonstances mystérieuses. Saad Hariri doit notamment clarifier les raisons de sa démission, intervenue depuis Riyad dans un contexte de tensions entre l'Arabie saoudite – pays sunnite qui le soutient – et l'Iran, soutien du Hezbollah chiite. Lors de l'annonce de sa démission, Saad Hariri avait accusé l'Iran et le Hezbollah de déstabiliser son pays, et affirmé craindre pour sa vie.

Le président libanais Michel Aoun, allié du Hezbollah, avait alors accusé le royaume saoudien de le retenir en «otage», ce que l'intéressé et Riyad avaient démenti.

Le Liban au cœur du conflit entre Riyad et Téhéran

L'actuelle crise politique libanaise s'inscrit dans un contexte de tensions croissantes depuis plusieurs mois entre les deux poids lourds de la région, l'Iran et l'Arabie saoudite. La diplomatie saoudienne a récemment multiplié les attaques contre Téhéran : lors d'une réunion extraordinaire le 19 novembre de la Ligue arabe au Caire, le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a notamment affirmé que Riyad ne resterait pas «les bras croisés» face à la politique «agressive» de l'Iran.

Lors de cette même réunion, le chef de la diplomatie du Bahreïn, pays allié de l'Arabie saoudite, a accusé Beyrouth d'être sous le «contrôle total» du Hezbollah. Décrivant ce dernier comme une organisation terroriste, la Ligue arabe n'a toutefois pas appelé à mener des actions militaires contre le groupe armé, ni contre Téhéran.

Pour ne pas arranger une situation déjà explosive, le chef d'Etat major de l'armée israélienne, Gadi Eisenkot, a expliqué que Tel Aviv était désormais prêt à partager ses renseignements sur l'Iran avec Riyad.

Beyrouth défend son droit à se protéger de l'«agression» Israélienne

Dans son discours traditionnel, la veille de la fête de l'indépendance, le président Michel Aoun a appelé les Libanais à «l'unité» et à éviter toute dissension. Celle-ci «provoquerait une destruction totale qui n'épargnerait personne», a-t-il prévenu.

Il s'est également adressé à la Ligue arabe, qui accuse le Hezbollah «de financer et d'entraîner des groupes terroristes» dans des pays de la région, pour défendre l'organisation et souligner que son pays avait le droit de se protéger face à l'«agression» israélienne.

«Traiter avec le Liban nécessite beaucoup de sagesse, sinon cela le pousserait vers l'embrasement», a prévenu Michel Aoun. Dans ce climat d'accusations, de contre-accusations, de dénégations et de menaces, il a ordonné à l'armée du pays de se tenir «entièrement prête» à affronter «l'ennemi israélien» à sa frontière sud.