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23 Etats membres de l'UE créent la PESCO pour relancer leur intégration militaire en plus de l'OTAN

Après les attentats de Paris en 2015, la France et l'Allemagne se sont engagées à relancer la Défense européenne. Deux ans après, le Conseil européen a donné le coup d'envoi de la coopération structurée permanente (PESCO), censée compléter l'OTAN.

Vingt-trois pays de l'Union européenne se sont engagés ce 13 novembre 2017 dans une coopération militaire inédite. Ils développeront dorénavant des armements ou lanceront des opérations extérieures, avec pour ambition affichée de relancer l'Europe de la Défense. Baptisé PESCO – Permanent Structured Cooperation en anglais, soit coopération structurée permanente (CSP), le dispositif remet sur les rails l'Europe de la Défense, mais remet le commandement à l'Union européenne. «C'est un engagement fort pour un renforcement de l'Europe de la Défense», s'est félicité le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian devant les journalistes à son arrivée au bâtiment Europa, le siège du Conseil européen.

L'intégration militaire avait été relancée après les attentats de Paris du 13 novembre 2015 et, comme l'a rappelé le ministre français, la disposition était prévue dans le traité de Lisbonne de 2007. Depuis l'échec de la mise en place d'une Communauté européenne de Défense (CED) dans les années 1950, les pays européens n'avaient jamais réussi à faire avancer ce domaine, la souveraineté des Etats en matière militaire étant consubstantielle à la définition de l'Etat nation. «Nous vivons un moment historique pour la défense européenne», a salué pour sa part, Federica Mogherini, en charge de la diplomatie de l'Union européenne.

Intégration militaire européenne, intégration avec l'OTAN

Mais pourquoi lancer une telle intégration supra-nationale alors qu'il existe déjà l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), dont la mission est justement de protéger le continent européen ? Les ministres européens de la Défense et des Affaires étrangères présents pour le lancement de la PESCO n'y ont vu aucune contradiction, soulignant la complémentarité de ce nouveau dispositif avec l'OTAN. «Il était important pour nous, particulièrement après l'élection du président américain [Donald Trump], que nous puissions nous organiser indépendamment, en tant qu'Européens. Ceci est complémentaire à l'OTAN», a clairement explicité la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen. Le positionnement de la PESCO a d'ailleurs reçu l'agrément du secrétaire général de l'OTAN. «Je pense que cela peut renforcer la Défense européenne, ce qui est bon pour l'Europe est bon pour l'OTAN», a fait remarquer Jens Stoltenberg à l'annonce de la signature de la PESCO.

Lors de son discours à la Sorbonne, fin septembre, Emmanuel Macron avait déjà annoncé les grandes lignes de la future intégration militaire européenne, emmenée par le couple franco-allemand. «Au début de la prochaine décennie, l'Europe devra ainsi être dotée d'une force commune d'intervention, d'un budget de Défense commun et d'une doctrine commune pour agir», avait martelé le président de la République.

Alexandre Keller

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