L’ancien Premier ministre israélien Ehud Barak admet avoir mis Harvey Weinstein en contact avec une agence privée de renseignement israélienne mais explique qu’il ignorait à l’époque pourquoi le magnat de Hollywood souhaitait avoir recours à leurs services.
Harvey Weinstein n’a pas ménagé ses efforts pour faire taire les dizaines de femmes qui auraient pu clamer qu’il les avait harcelées ou violées. Jusqu’à déployer une armée secrète pour les intimider et les discréditer. Mais comment a-t-il pu recruter de tels profils ? Les médias israéliens ont révélé que c’est l’ancien Premier ministre israélien, Ehud Barak, qui avait conseillé l’agence au producteur.
A la suite de cette révélation, un communiqué disculpant l’ancien Premier ministre israélien a été publié, selon les informations de Times of Israel. «Il y a plus d’un an, Harvey Weinstein a demandé à Barak s’il connaissait une entreprise israélienne dont il avait entendu parler et qui était capable de lui venir en aide pour des problèmes commerciaux qu’il rencontrait», a expliqué un porte-parole d'Ehud Barak dans ce communiqué. «Barak a confirmé [à Weinstein] que l’entreprise dont il avait entendu parler était probablement Black Cube», a-t-il poursuivi. L’ancien Premier ministre ne connaissait pas personnellement l’entreprise ou ses cadres mais aurait simplement transmis au producteur hollywoodien ses coordonnées. L'homme politique a précisé qu’il ne connaissait pas les intentions du producteur : «Barak ne savait pas jusqu’à ce matin que les services de l’entreprise avaient été loués par Weinstein, ou dans quel objectif ou pour quelles opérations.»
Weinstein et les agents secrets : une histoire digne d'un film d'espionnage
Une fois de plus, le New Yorker, qui avait révélé l'affaire Weinstein sous la plume de Ronan Farrow, le fils de Mia Farrow, publie les dessous de la coopération trouble entre les agences de sécurité et le producteur. Ronan Farrow a publié le 6 novembre dans le magazine américain une vaste enquête démontant les rouages machiavéliques du système Weinstein impliquant «d'ex-agents du Mossad pour traquer des femmes et des reporters».
L’article dévoile que le producteur a employé le personnel d’agences de sécurité privées pour «collecter des informations sur les femmes et les journalistes essayant de dévoiler les allégations». Parmi ces agences, Kroll, une des plus importantes agences de renseignement, et Black Cube, «une entreprise dirigée par d’anciens agents du Mossad qui dispose de bureaux à Tel Aviv, Londres et Paris». Black Cube dispose d’équipes opérationnelles «de grande expérience et issues des élites militaires israéliennes et des unités de renseignement du gouvernement».
L’agence se targue sur son site d’être un «groupe d'anciens agents des services de renseignement triés sur le volet, spécialisés dans les solutions sur mesure à apporter aux affaires complexes et aux défis litigieux».
Espionnage d'actrices et de journalistes, intimidations, tentative de discrédit
Le New Yorker révèle que les agents de Black Cube se sont démenés pour collecter les informations personnelles d'individus susceptibles de révéler les abus sexuels du producteur. Leurs agents les contactaient en utilisant de fausses identités. Une des employées de Black Cube s’est par exemple fait passer pour la directrice d’une société de gestion de fortune qui souhaitait faire intervenir à un gala Rose McGowan, une des futures principales accusatrices du producteur. A travers l’actrice, cette femme a tenté de contacter Ronan Farrow pour lui soutirer des informations, mais il n’a pas donné suite.
Le même agent s’est fait passer pour une victime d'Harvey Weinstein auprès d’un journaliste qui enquêtait sur lui en octobre 2016. Au cours des entretiens, la fausse victime ne dévoilait rien mais cherchait à savoir l'avancement de l’enquête auprès du journaliste, dont la femme a aussi été espionnée. Black Cube a facturé ses services 600 000 dollars à Harvey Weinstein contre les renseignements qui allaient «aider le client à stopper la publication d'un nouvel article négatif dans un succès de la presse new-yorkaise» et à obtenir des informations sur le livre écrit contre lui par Rose McGowan.
Le producteur a aussi fait enquêter sur la vie privée des journalistes afin de dévaloriser leur travail et les discréditer. D’anciens employés de Weinstein ont été contactés sous prétexte de l'écriture d'un livre sur sa carrière et sa société de production, mais leurs témoignages n’ont en réalité servi qu’à rassembler les noms d'anciens employés et d'actrices afin de les contacter et les intimider. Les agents au service d’Harvey Weinstein ont aussi employé un journaliste dont la tâche a été de publier des propos préjudiciables sur Rose Mc Gowan.
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