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Pourquoi le chef de la république tchétchène Ramzan Kadyrov veut enterrer Lénine ?

Le leader tchétchène Ramzan Kadyrov a suggéré d'enterrer le corps de Lénine. La momie du grand révolutionnaire russe se trouve depuis 1924 dans un mausolée au centre de Moscou et suscite régulièrement la controverse au sein de la population russe.

La veille du centième anniversaire de la Révolution russe, le corps de Lénine, exposé dans mausolée éponyme sur la place Rouge, a une nouvelle fois suscité la polémique.

«C’est bien sûr au président russe Vladimir Poutine de décider de l’enterrement de Vladimir Lénine, mais personnellement je suis persuadé qu’il faut arrêter de mater le cadavre de Lénine», a déclaré le 2 novembre avec sa spontanéité qui lui est propre le président de la république tchétchène Ramzan Kadyrov sur sa chaîne Telegram. Pour lui, mettre en terre le chef de la révolution russe serait «raisonnable et humain».

«Il n’est pas bien qu’au cœur de la Russie, sur la place Rouge, il y ait un cercueil avec un homme mort», a estimé Ramzan Kadyrov. Il a cependant souligné qu'une telle politique ne devait pas être sélective et qu'il faudrait aussi enterrer la tête de Hadji Murad, bras droit de l’imam Chamil qui s'était battu contre l’empire russe pendant les guerres du Caucase, au XIX siècle. Le crâne de Hadji Murad se trouve actuellement au musée d’anthropologie et d’ethnographie de Saint-Pétersbourg.

«Je suis sûre que l’enterrement aura lieu»

Si la commission qui étudie la problématique de l'enterrement de la tête de Hadji Murad existe depuis 2015 – sans avoir, pour l'heure pris de décision –, le problème de Lénine a surgit au lendemain de l'effondrement de l’Union soviétique, dont il était le fondateur.

En 1991, ce sont des hommes politiques comme Anatoli Sobtchak (père de la candidate à la présidence russe Ksenia Sobtchak) et Iouri Loujkov (l'ancien maire de Moscou) qui ont proposé d'ôter le corps de la place Rouge pour l’enterrer. L’initiative n’avait pas abouti du fait de l’opposition du parti communiste, paradoxalement très puissante, et la majorité de la population à l'époque. En 1997, le président russe Boris Eltsine s’était prononcé en faveur de l’enterrement du meneur de la révolution d’octobre mais n’y était pas parvenu et avait suscité de vives réactions au sein de la population russe.

«Je suis sûre que l’enterrement aura lieu. Il faudra le faire quand il y aura un consensus sur la question au sein de la société», a déclaré le 1 novembre la présidente de la Chambre haute du Parlement russe, Valentina Matvienko. Pour elle, la meilleure solution serait de mener un référendum qui, néanmoins, en convient-elle, n'est pas prêt d'avoir lieu. «Nous n’avons pas besoin d'un autre foyer de tensions dans le pays», a ajouté Valentina Matvienko, qui réagissait à la polémique lancée par la candidate à la présidentielle russe, Ksenia Sobtchak. Cette dernière avait estimé que la Russie s’enfermait dans une sorte de «Moyen Age» à cause, notamment, de la présence, au XXIe siècle, d'un cadavre sur la principale place du pays. 

63% des Russes pour l'enterrement du corps de Vladimir Lénine

A la mort de Vladimir Lénine en janvier 1924, il avait été décidé, sous l'impulsion de Joseph Staline, de conserver  son corps dans un sarcophage sur la place Rouge. Entre 1953 et 1961, le mausolée avait également accueilli le corps de Staline, avant d'être enterré au pied du mur du Kremlin à la suite de la «déstalinisation» entamée par son successeur Nikita Khrouchtchev.

«Nous savons qu'il y a plusieurs points de vue [au sujet de la mise en terre du corps de Lénine], c'est un sujet très épineux, cependant il ne figure pas sur l'agenda de l'administration du Kremlin», a précisé Dmitri Peskov, porte-parole du président russe Vladimir Poutine, le 2 novembre.

Selon un sondage mené en avril 2017 par l’Institut d’étude d’opinion publique, 63% des Russes estiment qu’il faut enterrer le corps de Vladimir Lénine. De ces 63%, 32% considèrent qu’il faut y procéder immédiatement et 31% qu'il vaut mieux attendre que «cette question ne touche pas ceux à qui Lénine est [encore] cher».