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Le président ukrainien fait passer des juifs déportés pour des Ukrainiens envoyés en Sibérie

Petro Porochenko a suscité une avalanche de critiques sur les réseaux sociaux en publiant une image de la déportation de juifs vers un camp d’extermination… dans un post consacré à l’anniversaire de la déportation des Ukrainiens en Sibérie.

Le président de l’Ukraine espérait rappeler au monde les souffrances de son peuple, mais a au contraire suscité un tollé. Le 21 octobre, Petro Porochenko a voulu dans un tweet commémorer le 70e anniversaire de la déportation des nationalistes ukrainiens en Sibérie, en 1947. Il a pourtant à cette occasion maladroitement choisi une photo bien connue, prise aux alentours de l’année 1942. Elle montre un groupe de juifs dans un ghetto en Pologne, sur le chemin de la déportation vers un camp d’extermination. 

Sur le site du Musée national de l’Holocauste des Etats-Unis, où l’image est consultable, on peut lire la légende suivante : «Des femmes âgées accompagnées de jeunes enfants et de leurs effets personnels marchent dans une rue du ghetto de Lodz vers un point de rassemblement pour la déportation vers le camps de Chelmno». La source de l’image est le Musée d’art de la ville de Lodz.

Et c'est cette image que le dirigeant ukrainien a également partagée sur Facebook pour illustrer un tout autre événement.

Mais le choix graphique de Petro Porochenko a aussitôt attiré l’attention des internautes, qui n’ont pas manqué de lui rappeler les faits historiques.

Dans une publication sur Facebook, le responsable du Comité juif ukrainien Edouard Dolinski a juge le tweet de Porochenko  «bizarre».

Certains se sont demandés s’il allait au moins publier un erratum ou bien un message d'excuse. Il n’a encore pas réagi à l'heure actuelle.

Le 21 octobre 1947, les autorités soviétiques faisaient évacuer près de 76 000 Ukrainiens de l’ouest du pays vers la Sibérie, ainsi que le nord et le centre de l'URSS. L’objectif de cette opération était de démanteler les cellules nationalistes ukrainiennes.

En 2015, l'Ukraine avait adopté une loi dite de «décommunisation», mettant à égalité les symboles nazis et soviétiques, bannissant du même coup ces derniers.

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