Après la déclaration ambiguë du président catalan Carles Puigdemont du 10 octobre sur l'indépendance de la Catalogne, la Commission européenne avait exprimé dès le lendemain avec force qu'elle attendait le «plein respect» de l'ordre constitutionnel espagnol – et donc l'unité de l'Etat.
Mais la parole de son président, Jean-Claude Juncker, se faisait encore attendre. C'est chose faite deux jours plus tard, ce 13 octobre. «Je ne veux pas d'une Union européenne qui comprendrait 98 Etats dans 15 ans», a-t-il déclaré d'après l'AFP, choisissant le nombre arbitraire de 98 afin de faire comprendre le risque de morcellement de l'Union européenne (UE) au cas où la sécession catalane ferait des émules. Et d'ajouter : «C'est déjà relativement difficile à 28, pas plus facile à 27 [faisant référence au Brexit], mais à 98, ça me semble impossible.»
«Nous recevons des appels solennels [venant du] monde entier : Juncker doit agir comme médiateur. Il ne le fera pas», a encore expliqué le président de la Commission, parlant de lui-même à la troisième personne et faisant référence aux appels répétés de Carles Puigdemont à la communauté internationale et à l'Union européenne. «La Catalogne est une affaire européenne», avait ainsi martelé le leader catalan le 10 octobre dernier, durant son allocution devant le parlement régional. Les indépendantistes catalans paraissent ainsi bien isolés dans l'Union européenne, laquelle semble très soucieuse de ne pas empiéter sur les souverainetés nationales.
Paris et Berlin favorables à la sauvegarde de l'unité espagnole
Même son de cloche chez les deux poids lourds de l'Union européenne, la France et l'Allemagne. Emmanuel Macron a dénoncé dès le 10 octobre, au sujet de la déclaration floue d'indépendance, le coup de force des Catalans. «La démarche catalane ne s'inscrit pas dans les règles de l'Etat de droit espagnol», a-t-il ajouté.
Dès le 9 octobre, l'Allemagne s'était quant à elle déclarée opposée à l'indépendance catalane. «Lors de sa conversation avec le président du gouvernement Mariano Rajoy, en particulier, elle a apporté son soutien à l’unité de l’Espagne », avait ainsi déclaré lors d’une conférence de presse le porte-parole du gouvernement allemand.
Seul soutien franc dans l'Union : celui des nationalistes écossais. Le Premier ministre écossais Nicola Sturgeon appelait le 10 octobre les autorités espagnoles à respecter le résultat du référendum.
La position de l'Union européenne en faveur de l'unité de l'Etat-nation espagnol, a été perçue comme incohérente par certains dirigeants internationaux. Le président serbe Aleksandar Vucic a ainsi critiqué la position de l'UE, rappelant que Bruxelles avait reconnu la déclaration d'indépendance du Kosovo en 2008, alors qu'elle n'avait pas fait l'objet d'un vote. Les Catalans, eux, ont voté en faveur de l'indépendance de leur région, lors d'un scrutin organisé le 1er octobre malgré son interdiction par la justice espagnole. Son taux de participation a été de 43%, et le «oui» l'a emporté à plus de 90%.