La présence des soldats français au Mali, dans le cadre de l'opération Barkhane, n'est pas du goût de tous. Depuis le 6 octobre dernier, les habitants de Kidal, dans le nord-Est du pays, manifestent pour demander leur départ.
«Nous avons manifesté et nous continuerons de manifester parce que les troupes françaises doivent dégager», martèle Ali Ag Mahmoud, l'un des organisateurs de la manifestation cité par Europe 1. Dans cette ville tenue par d'anciens rebelles touareg, la présence des soldats français provoquerait selon lui l'exaspération des habitants. «Les troupes françaises n'ont rien à faire ici. Elles sont trop brutales, elles interviennent sans précaution dans des domiciles privés», ajoute-t-il.
En effet, l'AFP confirme que des militaires de l'opération Barkhane «sont effectivement récemment intervenus dans une maison privée, fortement soupçonnée d'appartenir à un présumé trafiquant, présumé proche des djihadistes, ce qui n'a pas plu à une partie de la population», citant une source française présente sur place. «Barkhane dégage» ou encore «Quittez Kidal» pouvait-on lire sur des banderoles déployées les 6 et 9 octobre derniers.
Ces manifestations se répètent depuis plusieurs jours. Le 8 octobre, plusieurs habitants ont jeté des cailloux sur des véhicules militaires, contraignant les soldats qui étaient à leur bord de se mettre à l'abri. Plusieurs arbres ont été brûlés et de nombreux commerces ont préféré baisser leur rideau ces deux derniers jours.
Plusieurs images circulent sur les réseaux sociaux et témoignent de l'agitation qui règne sur place.
Des graffitis sur les murs de la ville dénoncent en outre des pillages qu'auraient commis les soldats français chez des habitants.
D'autres images témoignent de la présence de manifestants en tenue traditionnelle de touareg, ou à bord de motos.
4 000 soldats français sont déployés dans cinq pays du Sahel (Niger, Tchad, Mauritanie, Mali, Burkina Faso) dans le cadre de l'opération Barkhane. Lancée par Paris le 1er août 2014 pour prendre le relais des opérations Serval et Epervier, cette intervention se fixe pour objectif de neutraliser la menace islamiste dans la région. En dépit des critiques formulées à son encontre dans les pays concernés, compte tenu de sa durée, l'opération devrait bientôt être doublée d'une force antidjihadiste de 5 000 hommes déployée au Sahel à l'initiative de la France.
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