C'était le président américain qui a annoncé avant même l'arrivée des enquêteurs internationaux sur le site, qu'il disposait d'information que c'étaient des rebelles dans l'est ukrainien qui seraient responsables de la tragédie.
«Des éléments indiquent que l’avion a été abattu par un missile sol-air depuis la région qui est contrôlée par les milices populaires soutenues par la Russie à l’intérieur de l’Ukraine», déclarait le 18 juillet Barack Obama, en omettant de préciser la nature de ces éléments que Washington n’a, jusqu’à aujourd’hui, toujours pas dévoilés.
C’est donc sur ces propos que la plupart des médias internationaux se sont appuyés pour déclencher toute une vague d'accusations à l’encontre de la Russie.
«Le Boeing 777 malaisien abattu par un missile sol-air des rebelles russes dans l’est ukrainien», affichait en une International Business Times. «Crash du vol MH17: le missile a été fourni par la Russie, selon les Etats-Unis», reprend l’Express. «Le missile de Poutine», titrait même The Sun sans ambages. The Daily Mail allait encore plus loin en titrant : «Le sang sur les mains de Poutine».
En évitant de placer ouvertement toute la responsabilité sur la Russie, d'autres journaux ont soutenu la tendance médiatique en abritant les mêmes suppositions derrière un point d'interrogation. «Vol MH 17 : les séparatistes avaient-ils les moyens d'abattre l'avion ?», se demande Le Monde. «Crash du vol MH17 : un missile sol-air tiré par les prorusses ?», lit-on sur le site de France Info. «Crash du vol MH17: la Russie a-t-elle fourni des missiles aux rebelles?», essaie finalement de tempérer l’Express.
«Crash du vol MH17 : le chargé d'affaires d'Ukraine accuse Moscou», écrit France Info, ne mentionnant même pas dans son article les contre-arguments de la Russie. «L’Ukraine accuse les rebelles pro-russes de retirer les corps du site du crash», affirme pour sa part le Guardian, sans préciser dans son titre que les milices populaires avaient déclaré vouloir tout simplement les préserver.
Curieuse couverture des preuves présentées par le ministère russe de la Défense
Quelques jours après le crash, le ministère russe de la Défense a rendu public les conclusions de l’enquête de ses services de renseignement. Il a présenté des photos satellites montrant les systèmes antiaériens Bouk du gouvernement de Kiev qui se sont déplacés dans la zone du crash le jour de l’accident et donné une autre version, celle d’un avion de chasse ukrainien qui aurait pu abattre le Boeing.
Cependant, les médias internationaux n’ont fait que mentionner ces preuves pour mettre en relief les versions américaine et ukrainienne. «Vol MH17 : la guerre des "preuves" entre Washington et Moscou», titre Le Figaro, qui, en fait, ne consacre qu’un paragraphe à la position de la Russie, à la fin d’un article assez long détaillant les accusations contre le Kremlin. Une approche reprise par le Guardian dans son reportage «La Russie contre-attaque après les affirmations sur son soutien aux rebelles soupçonnés d’avoir abattu le vol MH17». «Moscou affirme qu'un avion ukrainien volait près du Boeing MH17» : la version de RFI ne mentionne même pas les documents ni n’énumère les pièces à conviction dévoilées par la Russie, se bornant à reprendre après une courte présentation, les accusatives des dirigeants ukrainiens et européens.
De nombreux titres infondés
Plusieurs jours après la tragédie, une photo montrant un rebelle ukrainien montrant «cyniquement» un jouet d’enfant qu’il venait de retrouver sur le site du crash a fait le tour des médias et des réseaux sociaux avec des titres vengeurs de type : «Les militants pro-russes fouillent les débris sur le lieu de la catastrophe», «Un rebelle tient son trophée, un animal en peluche».
De tels titres se sont notamment retrouvés sur le site de NBC. Cependant, plus tard, une vidéo a été diffusée en ligne montrant que le milicien a en fait reposé le jouet là où il l’avait trouvé, enlevant son chapeau en signe de respect avant de faire un signe de croix.
Quelques jours après, le Daily Mail a publié un article sous un titre «révélateur» : «Est-ce que c’est un système Bouk qu’on ramène sur le territoire russe ?», en diffusant des photos fournies par les services spéciaux ukrainiennes (SBU).
Mais même si le SBU a supprimé ces images quelques jours après, elles ont été accessibles suffisamment longtemps pour que, encore une fois, les internautes découvrent qu’il s’agissait en fait d’une capture d’écran d’une vidéo tournée au mois de mars 2014.
En mars 2015, les médias ukrainiens ont repris en chœur une fausse citation des enquêteurs hollandais qui auraient accusé la Russie d’avoir abattu le Boeing 777 malaisien, en se basant sur reportage de la chaîne nationale néerlandaise sur l'état de l'enquête. Cependant, les autorités néerlandaises ont confirmé elles-mêmes à RT que ce n’était pas correct. Un représentant du ministère public néerlandais avait même affirmé que les enquêteurs n’étaient «pas encore prêts à tirer la moindre conclusion» pour l’instant.
En mars 2015 toujours, l’agence Reuters s’était engagée dans un jeu d’opportunisme, en falsifiant les propos d’un habitant de la région de Lougansk témoin du crash et qui aurait déclaré hors caméra que le missile fatal avait été lancé depuis un territoire voisin contrôlé par les rebelles. Contacté par RT qui a rencontré le témoin, Reuters a refusé tout commentaire.