A la veille de la session du Parlement catalan qui se tiendra le 10 octobre, et lors de laquelle le président de la région Carles Puigdemont pourrait déclarer l'indépendance de la Catalogne, Pablo Casado, le porte-parole du Parti populaire (PP) au pouvoir lui a adressé un message lourd de menaces.
«Espérons que rien ne sera déclaré demain [le 10 octobre] parce que la personne qui fera cette déclaration pourrait finir comme la personne qui a fait cette déclaration il y a 83 ans», a-t-il expliqué, faisant couler beaucoup d'encre de l'autre côté des Pyrénées.
Car Pablo Casado semblait faire ici référence à la figure historique de l'indépendantisme catalan Lluis Companys, qui le 6 octobre 1934, à la suite d'une crise politique due à l'arrivée au gouvernement de la droite hostile à l'autonomie catalane, proclama l’Etat catalan dans la République fédérale espagnole. Une action politique pour laquelle il fut jugé et condamné à 30 ans de réclusion, qu'il évita en partant s'exiler en Bretagne.
C'est là qu'il fut arrêté par la Gestapo, qui le livra au régime franquiste. Jugé une nouvelle fois et condamné par un tribunal militaire, il fut, après avoir été torturé, fusillé au château de Montjuic à Barcelone, le 15 octobre 1940. Refusant qu'on lui bande les yeux, il mourut face au peloton d'exécution en criant «Per Catalunya !» (Pour la Catalogne !).
Vive émotion dans le pays
Le porte-parole du PP n'a pas précisé explicitement que son message faisait référence à l'arrestation de Lluis Companys et à sa condamnation à 30 de prison, ni à son exécution par le régime franquiste. Mais dans un pays où les plaies du passé ne sont pas encore toutes cicatrisées, son propos a créé une vive émotion.
«Pablo Casado dit que Carles Puigdemont pourrait finir comme Lluis Companys, qui a été torturé et fusillé. Soit il est ignorant, soit c'est un irresponsable provocateur», a écrit sur Twitter dans un message largement partagé Pablo Iglésias, le secrétaire général du parti Podemos.
«Oui Pablo Casado, nous savons comment notre président Lluis Companys a fini, fusillé par l'armée. Est-ce que cela vous fait plaisir de le rappeler à notre peuple sans défense ?», s'est ému le porte-parole du parti catalaniste Esquerra Republicana de Catalunya.
Inigo Errejpn, député et membre de Podemos, a pour sa part appelé Pablo Casado à présenter ses excuses ou à démissionner. «Ce sont des pyromanes», a-t-il estimé.